What am I supposed to do ?

Elsa se positionna sur le dos, les draps étaient chauds, et sa main posée sur la couverture lui indiquait que ce n’était pas du tout pareil en dehors du lit. Elle n’avait pas envie de sortir, mais alors pas du tout. D’autant plus qu’elle sentait le souffle chaud de son fiancé contre son cou, elle ne tarda d’ailleurs pas à se blottir contre lui. Elle le sentit remuer. Il était franchement pas mal tout de même ! Un sourire aux lèvres, elle le regarda ouvrir une paupière, puis l’autre, sa main cherchant à se protéger de la lumière. « Dites donc mademoiselle, vous n’allez pas être en retard au travail ? » Elle lui tira la langue en guise de réponse. « Bonjour vous, vous allez bien ? Vous avez bien dormi ? » Après maintes répliques toutes destinées à s’enquiquiner mutuellement, la blondinette sorti un orteil, son pied puis sa jambe et réitéra l’opération jusqu’à se trouver assise sur le rebord du lit, grelottante, malgré le pull XXL qu’elle venait d’enfiler. Il ne fallait le dire à personne, mais elle l’avait piqué à Sweeney l’année de leurs dix-sept ans et ne lui avait jamais rendu. Après un dernier baiser elle quitta la chambre, guillerette et se rendit à la douche.

Vingt minutes plus tard elle était fin prête et remuait sa main en direction de Mike, derrière la couche de buée sur son pare brise. Les joies du froid et de la vie à Barrow. Elle fut rapidement devant le magasin de sport. La ville n’était pas bien grande et elle la connaissait par cœur. Elle remarqua alors que la devanture était toujours fermée et qu’il n’y avait pas âme qui vive dans le magasin. Ce qui était vraiment étrange vu l’heure… L’heure ! Elle fixait l’horloge face à elle. Il n’était pas l’heure du tout, en réalité elle avait bien une heure d’avance sur l’heure d’ouverture, ce qui voulait dire une heure de sommeil perdue. Hésitante, elle se demandait s’il valait mieux rentrer ou attendre ici que le temps passe. Elle soupira. Si on avait dû lui donner un vrai surnom, de ceux qui restent, elle aurait pu s’appeler madame pas douée, comme les livres qu’on lui lisait enfant. Elle rangea ses clés dans sa poche et sortie de sa voiture. Elle se rappela alors qu’elle devait la fermer et rangea alors ses clés pour la deuxième fois. Où pouvait-elle bien aller ? Il y avait le parc, mais mis à part rester assise à regarder des gosses jouer, elle n’allait rien avoir à faire. Il y avait aussi la rivière gelée, qui avait toujours été très belle et agréable à regarder, surtout à cette période de l’année. D’un pas lent, j’arrivai face à ce spectacle superbe. En temps normal, le soleil qui jouait à cache-cache en ce moment, projetait ses longs doigts dorés à la surface de la glace pour renvoyer des couleurs pailletées. Mais la seule chose que pouvait voir Elsa à cet instant précis était une jeune femme brune, assise sur l’eau fixée par le froid, l’air dévastée. Au premier abord, elle ne la reconnait pas. Le chagrin déforme tout visage, aussi beau soit-il. Mais elle ne tarda pas à reconnaître Morgana. Elle ne la connaissait pas vraiment, mais comme toutes les personnes de Barrow, elles s’étaient déjà croisées et savaient au moins le nom de l’autre. Elle n’avait même pas l’air de remarquer sa présence, bien qu’il faille avouer que la neige cachait son arrivée. «Oh mon dieu ! » Non non ! Tout de même, il ne fallait pas exagérer ! Elle faisait de la peine, assise comme ça sur un sol aussi froid, les yeux aussi rouges et baignés de larmes. Elsa savait qu’elle avait perdue son frère durant l’attentat. Qui n’était pas au courant après tout ? Une bombe à Barrow ce n’était pas tous les jours ! Elle avait l’air vraiment gênée que la blonde l’ait vu dans cet état. Cette dernière se demanda d’ailleurs si elle n’aurait pas mieux fait de rentrer chez elle, elle aurait peut-être évité bien des soucis. Mais Morgana assise par terre avait besoin d’elle. Elle lui sourit, malgré la peine qu’elle ressentait pour elle. « Tu n’aurai pas pu me voir, je  viens d’arriver.» Elle s’accroupit alors, la regardant fixement. « C’est moi qui suis désolée, ça n’est jamais agréable de se faire surprendre dans ce genre de moments, mais je pense que le sol est un peu trop froid pour qu’on reste là. Si tu venais à mourir de froid ça serait bête tout de même ! » Une claque intérieure, voilà ce qu’elle se mit. Elsa, vingt-sept ans, toujours pas fichue de se retenir de dire des bêtises. Mourir, c’était bien le sujet à mettre sur la table avec Morgana ! Bien entendu, là où on aurait pu prendre un bon chocolat chaud, Elsa arrivait avec ses gros souliers : Eh dis donc tu voudrais pas mourir toi non plus ? Elle se sentait un peu bête et lui tendit alors la main. « Tu peux te lever et essuyer tes jolis yeux dis ? » Elle remarquait bien que sa main tremblait, mais il fallait la remettre sur pieds, un point c’est tout.

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Elle était là par terre, tout fragile, avec ses larmes presque glacées sur ses joues roses. Elsa ne l’avait jamais vu comme ça. D’ailleurs, elle doutait que beaucoup de gens l’ait vue dans cet état. Elle comprenait parfaitement sa gêne et le fait qu’elle ne veuille pas être vue comme ça. Aussi, maintenant qu’elle était là et qu’elle l’avait surprise, autant faire quelque chose. Elle n’allait tout de même pas la laisser là, comme ça. Certes, elle n’était pas très douée, voir même super maladroite. Mais elle allait bien finir par l’aider non ? La preuve, elle se mit à rire. Ce n’était pas si mauvais signe que ça. «Ce n'est pas grave ne t'en fais pas. Et puis regarde tu as au moins le mérite de m'avoir fait rire ! Et puis tu as raison... Ce serait bête de mourir qui sait si l'on ne me retrouverait pas congelée dans un bloc de glace comme dans l'âge de glace. » Elsa accompagna la fin de sa plaisanterie de son rire éclatant. Elle riait, plaisantait même, c’est que ça allait peut-être mieux non ? Elle se releva à la demande d’Elsa, prenant le compliment de manière positive, ce qui fit plaisir à Elsa. Elle n’avait pas vraiment l’habitude de parler à des filles et avait toujours un peu peur de leur réaction, Mike qualifiait ça de ridicule, mais les frères O’Toole comprenaient tout à fait. Elle était gauche et empruntée dès qu’elle se trouvait en présence d’une fille, n’ayant côtoyé principalement que la gente masculine. Qu’importe, elle n’allait pas laisser la jeune femme dans cet état là sous prétexte qu’elle ne savait pas quoi dire. Elle la remercia, Elsa ne put qu’hocher la tête en guise de réponse, puis lui demanda un mouchoir. Elsa se dépêcha d’en attraper un dans son sac à main. Morgana expliquait pourquoi elle en avait besoin. « Tiens prend le paquet, tu en as plus besoin que moi. » Elle fit la grimace en se rendant compte qu’une fois de plus, elle fonçait dans le tas. « Et puis j’en ai un autre dans mon sac. Enfin… voilà prends-le. » Elle ne savait pas trop comment réparer sa gaffe. Tiens prends le ! Moi je ne passe pas ma journée à pleurer, alors que toi ! Ce n’était définitivement pas ce qu’elle voulait dire, mais c’était sorti tout seul. Heureusement pour elle, Morgana attrapa le paquet sans vraiment soulever son commentaire et la remercia de s’être arrêtée et s’enquit même de savoir si elle ne lui faisait pas perdre son temps, ce qui fit sourire Elsa, qui se retint de dire une bêtise. « Oh tu sais c’est normal, je ne vois pas pourquoi je t’aurai laissé comme ça. Et puis je suis en avance, en avance d’au moins une heure, je ne sais pas pourquoi, mais j’étais persuadée d’être super ponctuelle et en fait, pas du tout. » Elle éclata d’un rire un peu sur joué, mais qui mettait surtout en avant son agacement d’être aussi stupide. « Et puis bon, je tiens à dire que tu mens, parce que quelqu’un qui va bien n’aurait pas été dans cet état là deux minutes auparavant. » Elle appuya ses dires d’un soulèvement de sourcils. « Est-ce que je peux te proposer un chocolat chaud ou bien tu vas être en retard en cours ? Parce que pour le coup, je m’en voudrais de te mettre en retard. Sinon, on peut simplement aller se mettre au chaud dans ma boutique, genre dix minutes, histoire que tu te remettes. C’est toi qui vois ! » Elle voulait être là pour elle. Morgana lui faisait de la peine et Elsa n’avait pas envie de la laisser tomber, et cela dépassait le fait d’avoir l’impression de faire quelque chose de bien. Cette jeune fille avait besoin d’aide, elle le sentait bien et lui offrit un sourire pour la réconforter.

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Dans ce froid glacial, Elsa avait l’impression de ne servir à rien pour cette fille en larmes. Enchaînant gaffe sur gaffe, elle n’aurait pas pu faire pire… Heureusement que Morgana n’était pas trop susceptible, son état n’aurait fait qu’empirer sinon. Assise sur la glace, elle semblait gelée et n’était pas aussi couverte qu’il l’aurait fallu. Seulement, sous sa doudoune, Elsa n’avait qu’un pull léger et ne pouvait donc pas la passer à la jeune femme, si elle voulait survivre elle aussi. Elle se rendit rapidement compte que si Morgana avait semblé soulagée d’être soutenue au début de leur conversation, elle commençait à ne plus supporter ses maladresses. Ce qu’elle lui fit plus ou moins gentiment comprendre. Elsa grimaça doucement. « Excuses-moi, je comprends, désolée… » Non, elle ne savait pas comment faire avec les filles. Les mecs eux n’avaient pas besoin d’être consolé ou pas souvent du moins et une bière leur remontait souvent le moral. Alors qu’une fille… Elle allait devoir apprendre apparemment. La blondinette se sentait vraiment mal désormais. Elle n’avait pas voulu rendre mal à l’aise Morgana, loin de là. Il fallait donc qu’elle se rattrape. Et la solution la plus efficace à ses yeux restait un bon chocolat chaud. Elle fut donc soulagée lorsque la jolie brune accepta sa proposition. Elsa lui offrit l’un de ses plus beaux sourires. « Je suis d’accord, un chocolat ça ne se refuse pas. Et puis de toutes manières, la reine des neiges c’est moi non ? Elle s’appelle Elsa si je ne me trompe pas !? » En réalité elle n’avait pas vu ce nouveau long-métrage et rien ne lui disait d’aller le voir. Mais ça elle n’allait pas le dire. Ravie de pouvoir partager un moment avec Morgana, Elsa mit un petit temps à comprendre qu’elle voulait l’inviter. « Mais ça va pas oui ? Je t’invite ! Et pas de discussion. » Elle ne voulait pas qu’elle croit qu’à cause de son état, Elsa avait pitié d’elle ou d’autre bêtises du genre, mais elle avait proposé et c’était donc à elle de payer. Dans tous les cas, elle ne se laisserait pas inviter. Dans une marche silencieuse, les deux jeunes femmes se mirent alors en quête d’un café où poser leurs fesses. Une fois protégées par la chaleur calfeutrée de l’endroit, Elsa sentit que l’ambiance pouvait devenir plus chaleureuse, tout ça n’était qu’une histoire de feeling. « Tu prends un chocolat chaud c’est ça ? Donc deux s’il vous plait ! » Elle regarda la serveuse s’éloigner, avant de reporter son attention sur Morgana. « Tu as tout compris ! Oui, c’est pas bien glorieux comme job, mais bon, j’aime bien. Je suppose qu’avec tes études tu t’orientes vers quelque chose de plus poussé ? Tu étudies quoi d’ailleurs ? Et oui, je crois que j’ai quelques années de plus que toi. Mais rassures toi, dans ma tête c’est pas tout à fait pareil ! » Elle luit fit un clin d’œil avant d’éclater de rire. Elle avait bientôt vingt-huit ans vraiment ? Morgana pouvait être rassurée, il allait être dur de définir qui était la plus gamine des deux. « Et très franchement, j’ai dépassé ce genre d’aprioris. Au fait tu fais du tir à l’arc non ? J’ai cru t’entendre dans la boutique y a pas longtemps. » Elsa ne pouvait pas s’en empêcher, parler de sport et de sujets normalement peu abordables avec des filles. Mais elle n’y pouvait rien. Elsa n’était pas une fille comme les autres, voilà tout et puis elle ne voyait pas trop de quoi parler à Morgana. Pas de son frère, d’ailleurs il fallait qu’elle raye cette idée de sa tête, pas de son petit ami non plus, ça ne se faisait pas du tout, enfin pas à leur stade d’amitié. Qui n’en était pas une d’ailleurs. La serveuse arriva avec leurs chocolats chauds et Elsa s’empressa de manger le petit carré de chocolat posé sur sa soucoupe. Avec des yeux de petite fille, elle regarda Morgana. « Excuses-moi, j’adore le chocolat… »

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Morgana était vraiment adorable. Elsa ne comprenait pas pourquoi le sort s’acharnait sur elle. La pauvre n’avait rien demandé et pourtant la vie s’acharnait à lui enlever les personnes qu’elle aimait. Tout le monde à Barrow connaissait son histoire et Elsa trouvait dommage que l’on se base sur ça. Car même si une certaine tristesse se lisait dans son regard, Morgana semblait être une fille pleine de vie. Elle était jolie et en plus de cela très gentille, non, elle ne méritait pas tout ça. Mais Elsa allait tâcher de ne plus en parler. Souvent lorsque l’on se retrouve face à quelqu’un en difficultés, la nature humaine pousse à une curiosité malsaine, mais jamais très agréable pour la personne en face.

Heureusement, la discussion dériva bien vite sur un sujet moins pénible, plus léger. Pour Elsa ce n’était pas non plus très compliqué à vrai dire…  Elle regarda Morgana un grand sourire, l’écoutant attentivement. «Oh tu sais il n'y a pas de boulot glorieux ou non, tant qu'il te plaît on s'en fiche n'est-ce pas ? » Elsa secoua la tête, après tout elle avait raison, mais on lui avait répété assez souvent que ne pas faire d’étude allait lui faire rater sa vie. Et puis à côté de Thomas, elle se sentait parfois un peu à côté de la plaque, lui qui était toujours à l’université… « Heum de plus poussé je ne sais pas, disons de différent ! J’étudie la photographie et le journalisme, la photo c'est ma passion et j'ai pris journalisme parce que ça se marie bien avec dira-t-on ! » « Oh c’est chouette ça ! On m’avait offert un appareil photo pour mes quinze ans et franchement, j’étais nulle… » Elle rit de nouveau avant d’enchainer sur son âge mental. Elle allait bientôt fêter ses vingt-huit ans et pourtant par moments, elle avait plus l’impression d’en avoir treize. « Ah je suis rassurée alors, on va pouvoir s'entendre ! Ça change de ces gens qui grognent en parlant d'une jeunesse dépravée ou je ne sais quoi ! » La tête blonde secoua de haut en bas à plusieurs reprises. « C’est bien vrai. Mais je pense que ces gens là sont jaloux ou alors ont tout simplement oublié ce que c’était d’être jeune. Mais leur vie est nulle ! » Elsa n’avait pas oublié et elle était persuadée que d’avoir gardé ses meilleurs amis de jeunesse faisait tout. Et le fait de se marier ne changeait rien. Elle enchaina sur le tir à l’arc, elle se souvenait parfaitement que la jolie brune avait cherché à acheter le matériel nécessaire à ce sport, mais la cruche qui lui servait de collègue n’avait pas su lui indiquer ce qu’il fallait  et Elsa était occupée en arrière boutique, aussi n’avait-elle pas pu agir. Morgana paraissait ravie de parler de ça et non de sujets qui fâchent, d’autant plus qu’elle lui confirma avoir besoin d’aide. Enfin un sujet où Elsa ne risquait pas de maladresse. Le sport, c’était son truc, ça l’avait toujours été. C’est ce qui l’avait rapproché de Liam, son cousin et qui avait toujours éloigné les filles. Seule Lynn n’avait pas été effrayée par sa passion.

Leurs chocolats arrivèrent enfin et après s’être précipitée dessus, Elsa prit enfin la peine de répondre. « Je t’aiderai avec plaisir, même si le tir à l’arc n’est pas mon sport de prédilection, ça reste mon métier de vendre des équipements de sport. » Le breuvage était chaud, mais réconfortant avec toute cette neige à l’extérieur. Un petit silence s’installa le temps que toutes deux profitaient de leur boisson. Ce silence n’était pour autant pas gênant, comme il aurait pu l’être avant qu’elles ne viennent ici. Il était simplement calme et joyeux à la fois. Seulement l’heure inquiéta Morgana et elle avait assez raison. Elsa n’était pas en retard, mais le temps était passé vite en effet. La jeune fille fit rire Elsa en lui proposant de faire les yeux doux à son patron pour lui permettre d’obtenir une prime. « C’est gentil de ta part, mais je ne crois pas qu’il soit très réceptif à ce genre de choses en fait, même si ça pourrait être amusant d’essayer ! Par contre c’est avec plaisir que je t’aiderai à trouver ce qu’il te faut ! » Elle finit son chocolat après avoir demandé l’addition. Elle attendit que Morgana fasse de même et déposa l’argent sur la table. « Bon alors, allons-y ! » Elles quittèrent l’enceinte chaude de l’établissement pour se confronter au froid polaire de la ville Heureusement, le magasin n’était pas loin et elles eurent vite fait d’y arriver. Elsa leva le store et ouvrit la porte, il n’y avait bien entendu personne pour le moment. « Après vous ! » Elle entra à la suite de Morgana et se dirigea directement vers le rayon concerné, tout en enlevant son manteau. Elle attrapa alors un arc en aluminium, peut-être un chouia trop grand pour elle, mais elle voulait lui faire essayer. « Tiens, regardes celui-là, tu en penses quoi ? »

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