Sujet: Ghosts and Dreams. ft. Harper 24.02.14 12:44
Après-midi normal, températures hivernales normales, tout était si parfaitement normal dans cette ville que je me demandais parfois comment un incident avait pu arriver durant les périodes de fête. À coup sûr que ça avait bien arrangé certains habitants, qu'il y ait enfin un peu d'action dans leur bled gelé. Oui, enfin... si les Barrowiens le pensaient au fond d'eux, aucun n'osait cependant se prononcer sur la situation. On n'en parlait pas. Cet attentat restait une tragédie et il était si récent que les images mentales brulaient encore dans les esprits écorchés à vif des proches de chaque victime. Pour ma part, j'avais pris l'habitude d'éviter au maximum le quartier environnant du meurtre de masse pour la simple et bonne raison que la mort de mon frère me restait en travers de la gorge. Toute la famille avait été affectée par sa disparition, c'était normal... et même si mes parents réagissaient de façon plutôt étrange à ça, comme s'ils tentaient de garder une sorte de dignité malgré leur tristesse, mes frangins et moi avions un peu plus de mal à étouffer notre deuil. Jeremy avait tant fait pour chacun d'entre-nous qu'il avait finit par prendre la place de figure d'autorité, à lui seul, dans la maison. C'était donc presque comme de perdre notre père. En tout cas pour moi. Ce gars n'avait cessé de me pousser à me donner à 200% dans ce que je faisais et il n'avait jamais hésité à me taper derrière la tête lorsque je baissais les bras, je lui devais énormément, donc oui... son départ laissait une blessure béante qui ne se refermait pour l'instant qu'en surface et à la seule force de ma colère grandissante, nourrie par chaque jugement de valeur que mon géniteur avait envers moi. J'était tellement fâché, en fait, que cela peignait les plus beaux sourires sur mon visage dans les moments où j'aurais plutôt dû pleurer ou baisser la tête. Esprit de contradiction, quand tu nous tiens.
Après avoir garé la voiture sur le bas-côté, j'en sortis en serrant un peu les dents à cause du choc thermique entre l'intérieur et l'extérieur de l'habitacle, puis ouvris la portière arrière. « Hey, princesse aux bois dormant, on est arrivés, réveille-toi. » Pour toute réponse, la blondinette qui était installée dans un siège pour enfant marmonna quelque chose, avant de tendre les bras dans ma direction. Ben voyons... comme si j'allais te porter. Tu parles. Un instant plus tard, je me retrouvais avec ma nièce collée contre l'épaule tandis que je la ramenais chez elle. J'avais promis à ma belle-soeur (enfin, si on occultait que son mari était décédé) de garder sa fille régulièrement pendant qu'elle faisait je ne sais quoi pour se changer les idées et même si j'adorais cette gamine qui était peut-être le seul individu de sexe féminin avec qui je n'avais pas de problèmes majeurs à régler, c'était quand même un soulagement de retrouver un peu de liberté.
Ceci fait et un verre d'eau plus tard plus tard, je ressortis de la petite maison pour me diriger vers le Coffee-Ol-Ogy, équivalent local du starbucks mais en beaucoup moins commercial. C'était l'endroit idéal pour les étudiants et ça tombe bien, parce que je comptais y bosser mes cours pendant les deux heures qui me restait de temps libre. Eh ouais, mes journées étaient réglées comme du papier à musique, depuis quelques semaines, mais c'était pas plus mal. J'aimais savoir où j'allais, surtout après la tragédie de Décembre qui nous avait tous déboussolés. Le moral n'était pas au plus haut dans les mentalités en ce moment, donc on trouvait chacun un moyen pour se changer les idées à notre façon. La mienne ? Ne pas me laisser le temps de trop penser et rester dans l'action pour m'occuper l'esprit.
Sur ce, une fois arrivé à destination, je pris place près d'une fenêtre et balançais mon sac sur le fauteuil d'en face avant de fermer les yeux deux secondes, la tête rejetée en arrière, histoire de m'accorder une pause d'ici à ce que quelqu'un vienne prendre ma commande. J'aurais pu aller faire ça au bar, mais mec... j'étais complètement out. J'enlèverais mon manteau et mes gants plus tard, tranquille... ouah... en réalité, mon niveau de fatigue dépassait largement ce que je pensais.
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 24.02.14 14:20
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Février et ses températures glaciales, sa lumière peu vive, ses effluves d'amour à l'approche de la St Valentin. Il y avait bien un truc qui me surprenait depuis mon réveil, et peut-être même avant, c'était les efforts que fournissaient les gens pour prouver à leur moitié leur amour. Pourquoi uniquement à la St Valentin et pas le reste de l'année ? Ça me dépassait. Quand on aime quelqu'un, on l'aime toute l'année non ? Enfin c'est ce que je pensais. J’espérais ne pas être une de ces filles qui minaude devant leur copain, à coup de « chéri » ou « roudoudou », qui n'est pas capable de penser par soi-même, d'avancer dans la vie et qui vit selon ce que sa moitié lui dit. J’espérais vraiment être une fille qui a un peu de jugeote. Il faudrait que je demande à Clio. Clio, ma cousine. C'était vraiment étrange de se dire que j'avais encore de la famille, que j'avais quelqu'un qui me connaissait, qui m'aimait. J'avais imaginé ce genre de retrouvailles pendant deux ans, et quand ça s'était enfin produit, j'avais eu une mini crise de panique. Je suppose que c'était plus facile de se l'imaginer que de le vivre réellement. Quoi qu'il en soit, j'allais enfin de l'avant. Je me forçais à le faire.
Mon obstination à ne pas me soigner s'effilochait à mesure que j'allais chez Maximilian. Il était certes jeunes, mais patient avec moi. Il ne me jugeait pas, gardait son statut de kiné et c'est ce qui me plaisait chez lui. Ça et le fait qu'il n'hésitait pas à me remettre à ma place dés que je dépassais les bornes. Je savais que j'allais boiter toute ma vie, mais la rééducation aidait pour la douleur. Maintenant que je savais ce qui m'était arrivé, je pouvais enfin accepter mon « handicap ». Un banal accident de voiture. J'aurais pu ne pas m'en sortir, et cette idée me forçait à faire des efforts, à arrêter de m’apitoyer alors que d'autres avaient eu moins de chance que moi.
L'autre changement qui amenait un peu plus de saveur à ma vie c'était que j'avais un travail. Enfin une raison de sortir de mon studio, quelque chose qui m'occupait les mains et l'esprit. Je ne savais pas comment j'avais pu être engagé avec un CV aussi inexistant que le mien, mais le fit est que j'étais la nouvelle barmaid/serveuse du Coffee Ol-Ogy. Ce n'était pas le métier dont tout le monde rêvait, mais c'est ce qui me convenait. C'était un salaire, un patron agréable, des collègues qui ne me regardaient pas de travers et c'était aussi des chocolats chauds gratuits. Je travaillais les après-midi la semaine, et le samedi toute la journée. L'ambiance était agréable, presque familiale. Ca faisait plus d'un mois que j'y travaillais, les premiers temps avaient été compliqué surtout avec les machines à café. Pourquoi diable y avait-il autant de boutons ? Et toutes ces recettes ?! Je me trompais souvent, mais ça passait toujours lorsque je m'excusais en souriant. J'essayais d'être le plus avenante possible, et pour cela j'avais réduis mon look original. Mes cheveux roses si voyant restaient attachés en un chignon lâche, un peu de maquillage et je me contentais de vêtements simples accompagné d'un magnifique tablier noir. De toute façon, j'étais au travail et pas à un défilé.
Je prenais enfin mon service, poussant la porte du café en souriant au patron. Un petit tour dans les vestiaires et j'enfilais mon tablier avant de scanner la salle à la recherches de clients en attentes de commande. D'ordinaire je restais derrière le bar, mais il m'arrivait d'aller directement au client. J'aimais bien rencontrer de nouvelles personnes, surtout ceux qui avaient des histoires à raconter. Comme ce vieux monsieur, mon monsieur Mardi, car il venait toujours ce jour là, à la même heure et demandait la même chose. Il me racontait ses voyages, sa famille, et je me surprenais à rêver d'avoir autant de vécu à raconter. Je prenais la commande de deux jeunes filles avant de m'avancer vers un jeune homme affalé dans un fauteuil. Prêt de la fenêtre, un sac à ses côtés, le coin typique des étudiants. Je les voyais venir s'installer là avec leurs Mac et leurs bouquins, les yeux rivés sur ce qu'ils lisaient. Je me demandais si j'avais été à leur place un jour. Enfin bref. Le jeune homme avait la tête en arrière, le visage tiré par la fatigue et les yeux fermés. Il n'avait même pas enlevé son manteau. Eh bien si ce n'était pas de la fatigue ça. Je souriais en prenant mon calepin et un stylo de la poche de mon tablier. « Il va vous falloir un grand café bien fort si vous voulez tenir toute l'après-midi. » dis-je sans le regarder, occupée à noter date et heure ainsi que la table où il se trouvait. Lorsque je relevais la tête pour le regarder, il me fixait. D'une étrange façon d'ailleurs. Cet homme avait des yeux incroyables.
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 24.02.14 19:53
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« Il va vous falloir un grand café bien fort si vous voulez tenir toute l'après-midi. » La remarque m'avait décroché un rire étouffé automatique, quand bien même j'avais le visage à moitié caché par mon avant-bras pour me reposer les yeux en les épargnants de la lumière du jour. « Haha... bonne idée, je devrais même en prendre deux directement, j'crois. » Je me redressais sagement pour tourner mon attention vers la voix féminine qui venait de m'interpeller, mais alors que ma bouche venait de s'ouvrir pour placer une réplique que j'avais pourtant bien en tête jusque là, toute idée fut subitement balayée de mon cerveau pour ne laisser place qu'à du vide.
Il suffisait de me connaître un tout petit peu pour savoir que je n'étais pas le genre de personne à me défiler rapidement, que même quand je n'avais théoriquement rien à dire, eh bien en fait j'avais toujours quelque chose à dire et qu'on ne me désarçonnait pas d'un claquement de doigts, que ce soit avec tous les bons arguments possibles et imaginables ou non, même quand j'étais en tort. On appellera ça de la fierté mal placée ou de l'arrogance, mais je n'acceptais juste pas l'idée de passer pour un faible aux yeux du Monde entier, quand bien même on me rabaissait suffisamment dans ma famille et qu'il fallait user de mes tripes pour me convaincre personnellement que j'avais une certaine valeur. Plutôt être un connard narcissique qui s'en sort dans la vie qu'une merde. Ce concept, je l'avais bien intégré depuis quelques années et ma place en première ligne de l'équipe de Hockey avait d'ailleurs grandement aidé à me construire une image positive de moi-même, à me rassurer sur le fait que je pouvait effectivement avoir de l'influence sur les autres si mon attitude était correcte (parce qu'au final, c'était facile de faire croire ce qu'on voulait aux gens qui ne vivaient pas avec nous H24). Donc voila. En toute logique, je me serais vite remis de mes émotions en apercevant le visage de la serveuse qui venait de me perturber au plus haut point, mais pour le coup, ce fut tout le contraire qui se passa, car je restais bloqué.
Parfaitement abasourdi.
En essayant de rassembler mes idées, la seule impression que j'eus fut celle d'un type qui essayait d'attraper du sable sec avec ses mains et qui se rendait finalement compte que tout lui glissait entre les doigts. Dans mon état, c'était tout simplement inutile de tenter de me reprendre, donc je choisis pour une fois de prendre l'option contraire, à défaut d'avoir le choix, et retombais au fond de mon siège en faisant d'ailleurs très attention à ce que le joli minois de la jeune femme reste dans mon champ de vision.
Est-ce que je divaguais ? Je n'en n'étais pas certain. Cependant, ce que je savais, c'est qu'il me fallut prendre une grande inspiration d'urgence, car j'avais cessé de respirer depuis une bonne trentaine de secondes à présent et que mes poumons criaient à l'aide en même temps que mon cœur, lequel avait d'ailleurs bien besoin d'oxygène pour alimenter les pulsations qui venaient de s'emballer à toute vitesse. J'étais devenu sourd, muet, insensible au reste du monde et à la chaleur soudain étouffante de mon manteau. Le seul sens qui voulait bien rester fidèle à son maître était ma vue, et encore...
Je ne pourrais pas vous dire la première pensée qui m'a traversé lorsque j'ai aperçu Isla dans ce bar, car je ne m'en souviens pas. Ça faisait si longtemps que j'essayais d'accepter sa disparition que le choc m'empêchait de réfléchir avec ma tête. Néanmoins, je sais ce que j'ai ressenti. Et c'était tellement fort que même si ma langue pervertie par les mensonges et les mauvais choix de mots de ces dix dernières années n'avait pas voulu se délier, mon corps compensa par autre chose, car je ne pouvais pas rester figé à tout jamais.
Alors je me suis mis à pleurer en silence.
Il ne s'agissait que d'une larme le long de ma joue droite et d'une paire de lèvres tremblantes, rien de très voyant, mais je pense honnêtement que pour le genre d'homme que j'étais, une extériorisation aussi flagrante de ma vie intérieure en public relevait presque de l'impossible.
En vie. Mon Dieu. Tu es en vie.
Mon envie de bondir sur mes deux jambes et de prendre la jeune femme dans mes bras était brûlante, mais actuellement, aucun de mes membres n'était opérationnel pour ce genre d'action... et c'était peut-être mieux comme ça.
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 24.02.14 21:11
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Je souris à sa phrase.« Haha... bonne idée, je devrais même en prendre deux directement, j'crois. » avait-il pouffé avant d'enfin me regarder. Le sourire que j'avais sur les lèvres se figea. Ce visage. Il avait un truc, un charisme débordant. Sa bouche resta ouverte, comme s'il s’apprêtait à dire quelque chose mais rien ne vient. Il se contenta de me fixer, le visage figé dans une expression que je n'arrivais pas à déchiffrer. J'étais également figée. Je n'arrivais pas à détourner mon regard du sien. C'était très étrange. J'étais bloquée, je n'arrivais pas à me détourner de lui. Sans m'en rendre compte, je m'étais quelque peu penchée vers lui. J'inspirais ce genre de réactions depuis mon retour. Clio avait été la première a être sous le choc. En même temps, ça devait pas mal surprendre de croiser quelqu'un qui était censé être mort depuis deux ans maintenant. Je n'imaginais pas quelle serait ma réaction. Sûrement de m'enfuir en courant. Plusieurs habitants de la ville s'était contenté de me sourire timidement ou d'un signe de tête. Est-ce que Clio avait fait tourné la nouvelle de mon retour ? J'espérais que non. Je ne tenais pas à voir débarquer la moitié de la ville chez moi. Je ne savais pas quels étaient mes rapports avec ces gens, s'il étaient amicaux ou non. Je ne savais pas si je m'étais fais des enemis et je ne tenais pas tellement à le découvrir maintenant.
Il s'était penché légèrement en avant, m'observant en silence. Je ne savais pas ce qui lui était arrivé, mais il semblait être sous le choc. Les joues légèrement rougies, je constatais qu'il s'était arrêté de respirer. Sans réfléchir, je me mettais accroupis devant lui, mes yeux toujours plongés dans les siens. Il prit enfin une longue respiration, reprenant des couleurs. D'ici je pouvais voir la sueur perlait sur son front. Il n'avait pas l'air de se sentir bien, et aussi étrange que ça puisse paraître, je m'en préoccupais. Je ne le connaissais pas, enfin si. En fait, je ne savais pas. J'avais l'impression de le connaître, de l'avoir déjà vu mais cette impression se répétait assez souvent depuis mon retour. Mais avec lui c'était différent. Il y avait autre chose. Un quelque chose que je n'arrivais pas encore à m'expliquer. Le temps semblait s'être figé autour de nous. J'oubliais le café, les clients, mon patron. Tout ce qui m'importait était en face de moi. Il sembla bouger un peu, se redressant dans le fauteuil et fit autre chose. Sa réaction me surprit. Son visage changea, la tristesse s'emparant de son regard. Je pouvais deviner qu'il pleurait. Rien d’exagéré ou de trop voyant. Il se contenait, je n'avais aucune idée du pourquoi de cette retenue mais le voir ainsi me fit mal. Une légère douleur à la poitrine me fit me crisper. Sans y réfléchir, je tendais la main vers lui et essuyais cette larme de mon pouce. Je prolongeais le contact et caressais sa joue en un geste que je voulais rassurant. Je ne connaissais même pas son prénom, mais ça ne m'importait pas. Je voulais juste que cette tristesse disparaisse de son visage. Pourquoi cela ? Aucune idée. C'était instinctif. Je sentais partout dans mon corps ce besoin de me rapprocher de lui et de tout faire pour qu'il aille bien.« Hey.. Chut, hey. Tout va bien. » J'avais plongé dans son regard, terriblement hypnotisant. Je ne pouvais pas me détacher de lui. Un peu plus penchée en avant, une main sur sa joue et l'autre sur l'accoudoir, juste à côté de son bras. « Qu'est-ce qui vous arrive ?» murmurais-je. Savoir ce qui lui arrivait m'importait. J'avais besoin de le savoir.
Je ne me reconnaissais pas. Je n'étais pas totalement asociale, mais pas la plus extravertie. Bien sûr, je m'attardais toujours un peu sur l'état des mes amis, et maintenant de ma famille. Mais je n'y mettais pas autant de cœur. Cette fois ci, c'était différent. Et étrange. J'avais l'impression d'être proche de lui, du moins de l'avoir été mais mon amnésie empêchait à mon cerveau de se souvenir. Au contraire de mon corps et de mon cœur. C'était possible ça ? Aucune idée. Toujours est-il que j'étais en train de caresser la joue d'un « inconnu » sur mon lieu de travail, et que j'étais maintenant penchée vers lui au point où je pouvais distinguer chaque détail de son visage, même ses quelques tâches de rousseurs. Un sourire naquit de nouveau sur mes lèvres lorsque je vis son visage se détendre légèrement. « Respirez doucement.» Ma voix était toujours aussi basse que possible alors que mon cœur s'emballait au fur et à mesure que je lui parlais. Des battements saccadés, pompant généreusement le sang dans tout mon corps, m'assourdissant sous des boum boum incessant. Qu'est-ce qui se passait ?
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 26.02.14 21:38
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Si revoir ce visage familier me faisait plaisir ? Je ne saurais pas vous le dire. Oui et non... c'est peut-être d'ailleurs en partie ça qui m'avait arraché quelques larmes à l'instant. À côté de la surprise et du choc, il y avait un soulagement immense de ma part, mais aussi beaucoup de sentiments connotés négativement pour des raisons plus qu'évidentes. Nous aurions pu en discuter pendant bien des heures, de ça, mais disons que pour le moment, j'avais d'autres choses en tête. Mon corps s'était naturellement à moitié soulevé et tourné vers la jeune femme penchée dans ma direction, alors qu'elle venait, quant à elle, poser sa paume sur ma joue. Presque instantanément, ce contact avec sa peau brulante contre la mienne chassa toute trace de fatigue de mon esprit. Je pris une inspiration et retirais donc mes gants, sans la lâcher des yeux. « Qu'est-ce que t... ? » « Hey.. Chut, hey. Tout va bien. » Mon être tout entier aurait bien eu envie d'y croire, tiens, mais je me posais beaucoup trop de questions pour accepter ça comme première phrase de sa part. Malgré ma confusion et peut-être même à cause d'elle, je vins superposer, sans réfléchir, une main à la sienne sur mon visage, mes doigts se retenant de venir agripper les siens. Que faisait-elle ici ? Que s'était-il passé ? Etais-ce vraiment elle ? Mais surtout... est-ce que tout cela était seulement réel ?! Je pouvais très bien être en train de divaguer à nouveau, pourquoi pas. Oh, bon sang.
Ce n'est que lorsque je m'apprêtais à reprendre la parole, ayant retrouvé suffisamment de ma contenance pour engager la conversation, que la réalité vint frapper à ma porte pour faire retomber brusquement à mes pieds cette vague qui avait commencé à s'élever au-dessus de moi en menaçant de venir m'engloutir sans me laisser une chance d'échapper à son emprise.
« Qu'est-ce qui vous arrive ?»
Vous.
Et à nouveau, je ne compris plus rien à ce qui était en train de se passer ici. Parce que si ses mots me communiquaient quelque chose, ses gestes et son regard, eux, faisaient passer un tout autre message. Et elle se rapprochait. « Je... » Bonne question, ça... qu'est-ce qui m'arrivait ? J'étais parfaitement incapable de le dire, car mon cerveau avait baissé les armes en ce qui concernait toute tentative de démêlage de la situation. Clairement. Les informations qu'il recevait étaient bien trop confuses pour lui, de toute manière. Et puis j'étais fort pour ça... au jeu de cesser de réfléchir quand je ne trouvais pas de solution à mes problèmes. Laissant ainsi de côté ma tête, je m'ouvris au reste et me concentrais donc sur mon coeur qui battait à présent la chamade. À cette distance, chaque petit détail du visage de la belle blonde face à moi me parvenait clair comme de l'eau de roche et même si c'était complètement illogique et stupide d'agir de la sorte, je choisis d'ignorer momentanément ce que je venais d'entendre au profit de ce que je voyais et qui m'hypnotisait purement et simplement. Un peu plus proche, un peu plus proche. Non. Stop. Qu'est-ce que j'étais en train de faire ? Le souffle chaud de la jeune femme fut la barrière qui m'arrêta avant de commettre une énième bêtise dont, j'étais presque certain, ses lèvres n'auraient pourtant pas tenu rigueur. J’attrapais donc sa main et la retirais de ma joue avant de me reculer d'une dizaine de centimètres. Outch... pourvu qu'elle n'insiste pas, car j'avais une volonté plutôt défaillante quand il s'agissait d'elle. La preuve, c'est que malgré mon mouvement de recul, mes yeux restèrent figés sur les siens comme des aimants, si ce n'est plus. « Merci... » je fronçais légèrement les sourcils. « Mais Isla, pourquoi tu me... qu'est-ce que tu... Où est-ce que t'étais ? Ils... » Je me rendis compte qu'il était peut-être plus judicieux de baisser le ton de ma voix dans un lieu aussi public, même s'il était plus ou moins calme à cette heure-ci. « T'étais morte! Ils ont dit que t'étais morte ! »
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 27.02.14 14:48
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Je n'étais pas la seule à être troublé par cette rencontre. Je pouvais le lire sur son visage, dans son regard. Il me renvoyait les mêmes sensations que j'éprouvais. Surprise, angoisse, inconnu, passion. Ca me prenait aux tripes, et visiblement lui aussi. Nos gestes étaient instinctifs, presque brutaux. A peine avais-je posé ma main sur sa joue, que ses doigts venaient la recouvrir. Contact brusque, chaud, même à travers le tissu. Je sentis comme une décharge électrique se diffuser de mes doigts jusqu'à ma nuque. Une chaleur agréable, familière. « Qu'est-ce que t... ? » Ses phrases étaient aussi confuses que son regard. Il retira ses gants presque violemment, toujours ne me regardant. De mon côté, il m'était impossible de me détacher de lui. Cette sensation de le connaître était plus persistante encore. Ma question sembla le désarçonner, son regard s'ouvrit encore plus. Je ne comprenais pas tellement pourquoi, peut-être le vous trop formel. Il ne réagit pas de suite, semblant réfléchir à je ne sais quoi de bien sérieux. « Je... » souffla-t-il lorsque je m'avançais vers lui, je ne me rendais pas compte que je venais de franchir la distance respectable entre deux êtres humains. Toute cette histoire de bulle d'intimité ne me revenait pas en tête à ce moment précis, j'agissais sans y réfléchir. Depuis mon réveil, j'apprenais à faire confiance à mon instinct. Mon cerveau ne se rappelait pas de certaines choses, mais mon corps oui. Comme ma façon de me tenir debout, le fait que je sois droitière mais que je mange de la main gauche, que je tape du pied quand je suis assise. Tout ces automatismes qui revenaient par habitude. Mes médecins m'avaient toujours dis de ne pas les refréner, que c'était naturel et que c'était ainsi que mon corps et mon cerveau apprenait à se redécouvrir. J'étais ravie de savoir que j'étais spectatrice de mon propre être. Mais je suivais leurs conseils. Avec tout ce que j'avais oublié, j'étais bien obligée.
Il s'était penché lui aussi, son regard toujours ancré au mien alors que moi je dérivais sur ses lèvres. Je pouvais passer pour une aguicheuse, mais j'étais loin de l'être. J'avais juste deux ans de ma vie à rattraper, des souvenirs à me remémorer. J'étais juste spontanée. C'est lorsque nos souffles se répercutèrent l'un sur l'autre, que la bulle qui nous entourait éclata. Il dégagea ma main de son visage, se reculant comme si je l'avais piqué. Son geste me remit les idées en place. Je regardais autour de moi, me rappelant soudain où je me trouvais. Merde. J'allais vraiment embrasser un inconnu sur mon lieu de travail ? Mon patron ne semblait pas être dans le coin, donc j'étais tranquille même si j'étais persuadé qu'un baiser ne valait pas un licenciement. Le temps sembla de nouveau défiler autour de nous. Seuls nos regards étaient encore en contact. « Merci... » Je lui répondis par un sourire, timide mais tendre. Ses sourcils se froncèrent « Mais Isla, pourquoi tu me... qu'est-ce que tu... Où est-ce que t'étais ? Ils... » Isla. Mon prénom. Mon vrai prénom. Rien que de l'entendre, je me sentais déjà moins à l'aise. Voilà pourquoi j'avais l'impression de le connaître, parce que c'était le cas. Je me reculais légèrement, posant un genoux à terre pour me soutenir. J'avais toujours du mal à faire face aux gens qui me reconnaissaient, parce que je savais déjà que les questions allaient fuser, que les réponses seraient toujours les mêmes. J'avais l'impression parfois de décevoir quand je racontais mon histoire, comme s'il était plus simple que je sois morte et enterrée. Après tout, je ne pouvais pas leur en vouloir à ces gens, ces amis, ils avaient fait leur deuil et je détruisais tout. La question d'une tombe à mon nom se posa. Est-ce que ces gens se recueillaient sur mon prétendu corps ? Est-ce qu'ils pensaient à moi ? Cette pensée me fit frissonner. Il faudrait que je vérifie cela. Sa voix baissa d'un ton, mais je pouvais sentir qu'il était … en colère ? « T'étais morte! Ils ont dit que t'étais morte ! »
Les mots me frappaient toujours autant quand je les entendais. Oui j'étais censé être morte, même moi j'en avais l'impression parfois. Je me relevais, dépliant ma jambe blessée avec attention. J'avisais de nouveau la salle avant de me tourner de nouveau vers lui. Qu'est-ce qu'il pouvait bien être à mes yeux pour que je sois à deux doigt de l'embrasser ? « Eh bah non. Surprise ?» dis-je en souriant, je voulais détendre l'atmosphère mais vu son regard, ce ne fut pas le cas. Au contraire. J’eus l'impression de m'enfoncer. Je le vis se relever, sûrement prêt à partir, je posais ma main sur son torse pour l'arrêter. « Non, partez pas. Je suis désolée, vraiment.» De nouveau je sentis le rouge me monter aux joues en comprenant que je le touchais. Je retirais ma main aussi vite que possible, baissant légèrement la tête. Le vouvoiement sortait presque naturellement alors que lui me tutoyait. C'était cela qui l'avait surprit, j'en étais sur. Peut-être que cette fois je ne devrais pas suivre mon instinct. « J'ai toujours du mal à m'expliquer là-dessus. C'est...Compliqué. » Je relevais la tête pour croiser de nouveau son regard plein de questions. « Clio n'a pas du parler de mon retour alors...» Il fronça les sourcils de nouveau, alors que je me rattrapais comme je pouvais « Ce que je peux comprendre, parce que c'est à moi de le faire. Non ? Mais je sais jamais comment aborder le sujet. Je ne vais quand même pas faire une annonce publique.» Les morts sortaient plus vite de ma bouche que mon cerveau ne les pensaient. Lorsque le stress me gagnait, je me mettais à parler vite et surtout pour ne rien dire. « Je sais qu'à l'heure qu'il est je devrais être en train de pourrir sous la terre, le fait est que je n'y suis pas. Et qu'accessoirement, je ne me souvienne pas de couleur préférée. »
Le doute sembla passer sur son visage. Je n'étais pas tellement explicite sur ma situation, mais je savais que la vérité pouvait blesser. Clio avait eu du mal à l'encaisser car elle était de ma famille, mais lui, il semblait être autre chose pour moi. Quelque chose de fort. Et la vérité pouvait être aussi douloureuse que possible s'il venait à l'entendre. Peut-être plus que l'annonce de ma mort. « A vrai dire, je ne me souviens de rien.»
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 03.03.14 10:37
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« Eh bah non. Surprise ? » Est-ce qu'elle était en train de se foutre de ma gueule en osant me balancer ça dans une situation pareille ? Sa remarque me fit froncer les sourcils immédiatement et ma surprise ainsi que mon soulagement firent automatiquement place à un agacement quasi palpable. Je n'arrivais pas très bien à distinguer le vrai du faux dans ce contexte et plus la conversation avançait, plus je soupçonnais la jeune femme de jouer à un jeu de rôle. C'était sa manière de se venger, c'est ça ? Faire semblant de ne pas me reconnaitre, mais en même temps si, et mettre mes nerfs à vif de la sorte ? Je manquais de rouler des yeux avant de me redresser dans l'intention de partir, mais une main me retint et je lâchais un soupir avant de planter mes yeux sur ceux d'Isla avec une pointe d'exaspération. « Compliqué, hm ? On dirait bien, ouais. » Pourquoi diable me vouvoyait-elle ? Pourquoi s'était-elle cachée jusqu'à présent ? Pourquoi est-ce que j'étais au courant de rien ? Et depuis quand vivait-elle à Barrow ? « Clio n'a pas du parler de mon retour alors...» Ah, ouais... forcément. Clio. Je déviais aussitôt mon regard sur la fenêtre. « Et ça t'étonne ? Mais bien sûr, chaton... comme si Clio allait venir me dire quoi qu'ce soit. Si t'étais fâchée contre moi, okay j'veux bien, mais t'avais pas besoin de te faire passer pour morte non plus... pis t'avais besoin d'elle pour... ? » « Ce que je peux comprendre, parce que c'est à moi de le faire. Non ? Mais je sais jamais comment aborder le sujet. Je ne vais quand même pas faire une annonce publique.» Et voila, ça recommençait, je n'y comprenais à nouveau plus rien. Trop confus pour m'énerver, car j'avais l'impression que ma colère était sans objet, je me rassis donc dans mon siège. Évidemment que c'était à elle de venir me parler. Je suis son... enfin j'étais son petit-ami. Mais elle me vouvoyait envers et contre tout, ce qui me déstabilisait systématiquement. Mais qu'est-ce qui se passait, bon sang ?! Cette histoire commençait à me donner mal à la tête, si bien que je calais une main dans mes cheveux pour soulager un peu les pulsations dans mon front. « Je sais qu'à l'heure qu'il est je devrais être en train de pourrir sous la terre, le fait est que je n'y suis pas. Et qu'accessoirement, je ne me souvienne pas de couleur préférée. » « Hein ? Mais... » Mon agacement avait définitivement laissé place à l'incertitude. Tout ça commençait sérieusement à me faire peur, si bien qu'une nouvelle vague de questions m'envahit avant d'être coupée net par une dernière phrase de la part de la jeune femme. Elle ne se souvenait de rien.
Silence.
Je la toisais longuement, sans rien dire. Si ce qu'elle me disait était vrai, alors tout prenait son sens. Mais j'avais du mal à croire à ça et je ne comprenais surtout pas pourquoi on lui avait manigancé un faux enterrement, ici à Barrow. Cette déclaration me scotcha donc sur place avec un air abasourdi sur le visage, rapidement remplacé par une pointe de tristesse. Depuis que je connaissais cette jeune femme, il m'avait toujours suffit de la regarder dans les yeux pour savoir presque instantanément ce qui se tramait dans sa tête, si bien que je décidais de me donner cette peine maintenant, histoire de m'assurer qu'elle ne mentait effectivement pas.
Oh, non. Mais d'où lui venait un tel égarement ? Que lui était-il arrivé ? Je m'en voulais presque de m'être énervé un peu plus tôt. Mon pauvre amour, qu'est-ce qu'on t'a fait?
Doucement, je lui pris alors la main. « Je m'appelle Marlon. » Un sourire discret s'afficha sur mes lèvres. « Je t'ai rencontrée il y a environ sept ans... et tu... » Qu'est-ce qu'on peut bien raconter à une amnésique sur sa vie sans la choquer, hein ? Je n'avais pas envie qu'elle me fasse confiance, pas à moi, pas après ce que je lui avais fais subir. Sur ce plan là, j'étais d'accord avec Clio, il n'était pas raisonnable que je tente un rapprochement, même si... même si j'en mourrais d'envie, là, tout de suite. « Tu devrais peut-être demander à Clio pour le reste, elle t'expliquera la situation bien mieux que moi. » J'hésitais un instant, puis détachais mon regard du sien avant de remettre mon buste droit sur le fauteuil. « Désolé... je suis tellement désolé pour tout... » Après un pincement de lèvres, je posais mes yeux sur mon alliance et fermais les paupières pour couper le contact. « Je prendrais un latte macchiato, s'il vous plaît. »
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 03.03.14 16:25
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Ghost and Dreams
Cette rencontre devenait de plus en plus étrange au fur et à mesure que je parlais. Cette sensation de le connaître s'intensifiait. J'étais persuadé d'être lié à lui, et par quelque chose de fort. Il me le prouva rapidement lorsque après avoir parlé de Clio il répliqua aussitôt « Et ça t'étonne ? Mais bien sûr, chaton... comme si Clio allait venir me dire quoi qu'ce soit. Si t'étais fâchée contre moi, okay j'veux bien, mais t'avais pas besoin de te faire passer pour morte non plus... pis t'avais besoin d'elle pour... ? » Chaton. Le surnom résonna dans mes oreilles, comme une douce caresse, quelque chose que nous semblions partager lui et moi. Je ne dis rien sur le moment, continuant dans ma lancée. Je voulais lui expliquer la situation, mais je ne savais pas comment faire. J'avais l'impression d'employer les mauvais mots, mais quels étaient les mauvais mots pour ce genre de situation ? Son visage semblait passer par toutes les émotions possibles. A sa place, je réagirais pareil. Il devait me prendre pour une folle qui se moquait de lui. Quand je repensais à ses mots, je venais à me demander ce qu'il pouvait se passer entre nous. Et avec Clio. Il s'était passé quelque chose, mais elle ne m'en avait pas parler. Pourquoi ? Étrangement, je n'avais pas tellement envie de savoir. Je voulais d'abord en apprendre plus sur cet homme qui semblait si bien me connaître. Dans le cas contraire, pourquoi m'aurait-il appelé chaton ? Mes joues rougirent de nouveau en y repensant. Je me surpris à apprécier ce mot. Plus que je ne le devrais.
Enfin les derniers mots sortirent. Je sentis un poids en moins sur mon cœur, mais sa réaction m'en rajouta un nouveau « Hein ? Mais... ». Est-ce qu'il allait me croire ? C'était ça la grande question. J'avais envie qu'il me croit. Il me fixa, me testant pour savoir si je disais la vérité. Son regard s'accrocha de nouveau au mien, me sondant. Ça me mit à l'aise l'espace d'un instant. J'avais un peu de mal à fixer les gens dans les yeux, surtout depuis mon réveil. J'avais la persistante impression d'être jugé pour quelque chose que j'aurais fais ou dis, mais je n'en avais aucune idée. Ça me faisait me sentir coupable, et je détestais cela. Son visage sembla se détendre. Il venait de comprendre quelque chose, peut-être la sincérité dont je faisais preuve. « Je m'appelle Marlon. » dit-il doucement, prenant ma main entre les siennes. De nouveau cette décharge électrique qui me parcoure le corps. Marlon Je prenais plaisir à prononcer dans ma tête son prénom, ressentant une certaine familiarité à le dire. Un sourire naquit sur ses lèvres, envoyant une douce chaleur dans ma poitrine. « Je t'ai rencontrée il y a environ sept ans... et tu... » J'étais pendu à ses lèvres, attendant les prochains mots avec l'impatience d'une gamine au matin de Noël. « Tu devrais peut-être demander à Clio pour le reste, elle t'expliquera la situation bien mieux que moi. » Ma petite bulle éclata. Il lâcha ma main avant de se redresser dans son fauteuil, son corps se tendant de nouveau. « Désolé... je suis tellement désolé pour tout... » Il...Marlon, il agissait de façon étrange. Son rapide changement de comportement me déstabilisa. Je le fixais, silencieuse et surprise. Il inspira un bon coup avant de rompre notre contact visuel, fermant les yeux « Je prendrais un latte macchiato, s'il vous plaît. »
Il retournait au vouvoiement alors qu'il y a moins d'une minute il employait un surnom affectif que nous seuls semblions connaître. Je restais figé quelques secondes, avant de me lever mécaniquement et de m'éloigner de lui. Je marchais vers le bar, l'esprit confus. Cette rencontre était différente des autres. Là, j'avais l'impression qu'il y avait plus qu'une amitié avec lui, bien plus que cela. Je préparais sa commande, sans réfléchir à ce que je faisais, j'en viens même à me brûler en remplissant la tasse avec le lait brûlant. « Merde ! » lâchais-je en posant la tasse un peu brusquement sur le comptoir. Je passais ma main sous l'eau froide, reportant mon regard sur ce jeune homme assis dans un coin. Sept ans. Lorsqu'on faisait le calcul, ça voulait dire que je le connaissais depuis mes seize ou quinze ans. Qu'est-ce qui pouvait bien nous lier depuis aussi longtemps ? Est-ce que Clio le savait ? En tout cas, il en avait donné l'impression. Il ne semblait pas la porter dans son cœur et je me doutais que l'inverse était réciproque. Si je lui posais la question, ma cousine ne voudrait sûrement pas m'en parler, ou au pire je n'aurais que sa version. J'avais besoin de savoir ce qu'il s'était passé exactement pour qu'ils ne s'apprécient pas, quel avait été mon rôle là-dedans. Je retirais l'élastique qui nouait mes cheveux pour refaire mon chignon, me donnant une petite tape sur le front pour me remettre les idées en place. « Allez. Vas-y, c'est peut-être ta seule occasion. » me dis-je à moi-même, me donnant du courage. Je terminais son latte et le posais sur mon plateau avant de le rejoindre.
Je n’arriverais pas à travailler correctement, ni même à penser, si je n'éclaircissais pas la situation. Ce n'était pas possible que je le laisse s'éloigner sans en savoir plus. Il était toujours assis, ne bougeant presque pas. J'arrivais à sa hauteur et déposais sa commande sur la table basse devant lui. « Voilà votre latte. » dis-je avant de m'éloigner. Quelques pas et je faisais demi-tour. «Je peux pas faire demi-tour et oublier ce qu'il vient de se passer.» lâchais-je comme une bombe, debout devant lui, le plateau devant moi comme une armure. « Je sais que c'est difficile d'apprendre que quelqu'un qu'on pensait mort ne l'est pas, surtout quand on le rencontre totalement par hasard. » Je ne sais pas qui j'essayais de convaincre, lui ou moi, mais je ne pouvais pas lui tourner le dos. Pas à lui. Marlon. Plus je me trouvais à côté de lui, plus mon instinct me poussait vers lui. J'avais l'impression d'être un aimant à côté d'une pièce de métal. C'était impossible de me détourner de lui. « Mais j'ai l'impression qu'on se connaît, beaucoup même. Il y a eu quelque chose entre nous j'en suis persuadé. » Je parlais sans le regarder, mes yeux vissés sur le bout de mes chaussures, le rouge me montant aux joues. Je savais que je pouvais paraître ridicule mais je voulais tenter le tout pour le tout. « Et je veux que vous..Que toi, tu m'en parles. Et pas Clio. » Le sans pulsait sous mon épiderme, réchauffant ma peau au et à mesure. J'espérais vraiment qu'il accepte, car un refus de sa part serait bien plus douloureux qu'un autre.
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 04.03.14 13:32
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Je sais. Je sais que c'était rude de faire ce que j'avais fais, mais c'était la solution de dernier recours pour empêcher une catastrophe imminente. Avec tout le bordel que j'avais créé par le passé à cause de ma stupidité profonde, loin de moi l'envie de réitérer mes erreurs alors que la chance de libérer Isla du fardeau que j'étais s'ouvrait enfin. Je ne levais donc plus les yeux dans sa direction jusqu'à ce qu'elle se fut éloignée et presque aussitôt que son dos se trouva suffisamment loin de moi, je relâchais un immense soupir en me prenant le visage dans les mains et en pensant brièvement à haute voix. C'était vraiment, vraiment... vraiment trop. Surtout maintenant. Pourquoi l'Univers m'envoyait-il toujours ses messages avec une brutalité pareille ? D'abord le décès de mon frère qui m'avait enfin permit d'ouvrir les yeux sur le fait que j'étais en train de foncer contre un mur à cause de la relation qui me liait à mon paternel, ensuite Elena et son problème qui avait créé une sorte de voile dans notre relation, puis la complexité grandissante de mes pensées qui m'amenaient petit à petit à tout remettre en question dans cette vie qui ne me convenait pas. Finalement, il y avait Elle. Le retour soudain de l'ange gardien au moment où il semblait que j'en avais le plus besoin. Je finis par m'autoriser à lever la tête pour observer discrètement la blondinette derrière son bar, mais détournais immédiatement les yeux vers la fenêtre par peur de croiser son regard, tout en me mordant littéralement le poing. Que faire ? Bonne question. Ce que me disait ma tête était complètement en opposition avec ce besoin pressant au fond de ma poitrine. « Non, Marlon. Non. Tu peux pas faire ça. Ca va mal se terminer. », me communiquait ce brave et rationnel cerveau. Mais j'avais jamais vraiment écouté mes émotions jusqu'à présent. Etrangement, on aurait pourtant pu croire que j'agissais sur le coup d'impulsions, que c'est ça qui m'avait amené à me planter sur toute la ligne ces dix dernières années, mais en réalité, c'était complètement faux. Parce que si je n'avais pas passé mon temps à hésiter sur ce que les autres voulaient, si j'avais suivi ces envies qui venaient du coeur au lieu de les réprimer et si je m'étais écouté moi plutôt que d'écouter « ceux qui en savaient plus sur la vie et ce qui est important », peut-être bien que je ne serais plus dans cette ville sans intérêt, mais à la Capitale, en train de faire la seule chose pour laquelle j'arrivais moi-même à me convaincre d'avoir un don. Et peut-être que je serais heureux au lieu de transporter sans cesse des peurs sans nom sur mes épaules. J'étais pas encore trop vieux pour reprendre le hockey, d'ailleurs, mais bon, disons que je n'envisageais même plus la possibilité d'évoluer dans le domaine sportif. Quoi que même prof de sport ou entraineur pour des ados, n'importe quoi, ça, c'aurait été cool. Tout mais pas être coincé dans un bureau habillé en pingouin, à analyser des statistiques, parce que c'était un truc stable, que ça rapportait du fric tous les mois, même si tu te pétais le genoux, et que c'était ça que valorisaient la majorité des gens.
Après quelques secondes passées à observer l'horizon, je fermais les yeux. Vingt-trois ans. J'avais pourtant l'impression d'en avoir cinquante, tellement je me sentais coincé et accablé de regrets. Même moi, je méritais mieux que ça... non ?
Je refermais mon dossier de cours d'un geste plutôt assuré et pris une grande inspiration. Et voila du grand Marlon Dixon dans toute sa splendeur, le mec qui change d'avis en mois de cinq minutes. « T'es encore en train de faire une connerie, mec. »
Si je dis ça, c'est parce que je venais ni plus ni moins de retirer la bague de fiançailles que je portais pour l'abandonner au fond de la poche gauche de mon jeans. C'était vraiment dégueulasse de faire ça, pas vrai ? Genre... immoral pour un bon catholique. Immoral pour ma nana. Immoral envers les propres sentiments que je lui portais. C'était une pure connerie. Ou peut-être l'occasion de corriger ce qui n'allait plus dans ma vie, quitte à marcher, encore, sur les gens qui n'y étaient pour rien. Mais le doute était trop fort, je voulais savoir « si... ». J'avais besoin d'être sûr de la voie à suivre.
En me redressant, j'aperçus Isa revenir vers moi avec son plateau et la manière dont elle se déplaçait me fit hausser un sourcil, car elle boitait légèrement. Blessure récente ? Allez savoir. « Voilà votre latte. » « Merci. » Il n'y avait rien de naturel dans nos façons mutuelles de nous exprimer et je le sentais depuis là, mais cela ne m'empêcha pas de me retenir d'aller chercher le contact encore quelques instants. Lorsqu'enfin je me décidais, c'est la jeune femme elle-même qui se retourna pourtant vers moi afin de m'adresser la parole. Je me mis à l'écouter sans rien dire, buvant simplement ses paroles tout en la fixant dans les yeux sans pouvoir m'en décrocher, jusqu'à ce qu'elle baisse la tête. « Mais j'ai l'impression qu'on se connaît, beaucoup même. Il y a eu quelque chose entre nous j'en suis persuadée. » Ma gorge se noua automatiquement et mon cerveau me hurla de me taire pour ne pas envenimer la situation, mais ce qu'elle venait de me dire avait eu trop d'impact pour que je parvienne à passer au-dessus. Alors, en silence, je hochais la tête lentement. Sans doute ne l'avait-elle pas remarqué. « Et je veux que vous... Que toi, tu m'en parles. Et pas Clio. » Ce fut à mon tour de détourner le regard un instant. Un très court instant, cependant. « D'accord. On peut se voir après ton service, si tu as du temps ? » J'attendis sa réponse avant de reprendre le contact visuel et déposer ma joue contre le dossier du siège, autorisant cette fois-ci ce qui me travaillait à l'intérieur à prendre plus de place. « Tu te souviens de moi, pas vrai... ? » J'esquissais un petit sourire voilé de tristesse et tendis un bras pour déposer ma main contre son plateau, au niveau de sa poitrine. « Ici, tu te souviens de moi. Tu entends... ? Qu'est-ce que ça dit ? »
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 04.03.14 21:19
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Je restais immobile, attendant qu'il parle, qu'il fasse quelque chose. J'avais presque l'impression d'être dans un accusé attendant son verdict. Après tout, il pouvait tout autant refuser qu'on se voit. Je l'avais mis mal à l'aise, n'importe qui aurait pu le remarquer à sa façon de se tenir de façon rigide, à son regard fuyant. En fait, son attitude était exactement la mienne. La situation était assez surprenante dans son genre. Je n'osais toujours pas le regarder, resserrant mes doigts sur le plateau à mesure que la pression s'accumulait en moi. « D'accord. On peut se voir après ton service, si tu as du temps ? » Je me figeais, l'air me manquant soudainement. Il était d'accord. Il voulait me voir. Je ne pu réprimer le sourire qui s'afficha sur mon visage. « Oh, oui oui. On peut se voir. Je termine vers dix-neuf heures trente. » Et il replongea son regard dans le mien. S'il continuait de me regarder ainsi, je ne résisterais pas longtemps. Marlon s'appuya contre le fauteuil « Tu te souviens de moi, pas vrai... ? » J'hochais la tête en silence, acquiesçant à sa question. « Ou..Oui. Enfin non, enfin je sais pas. Peut-être. » Je ne me souvenais pas exactement de lui, mais je me souvenais d'un quelque chose entre nous. Mon corps s'en souvenait. Depuis que j'avais croisé son regard, je luttais contre chaque fibre de mon regard qui m'implorait de me rapprocher de lui encore et encore. Toujours prostrée face à lui, j'observais son bras se mouvoir jusqu'à moi avant de se poser sur le plateau. Sans celui-ci, c'est sur ma poitrine qu'il aurait posé sa main. Le rouge me monta de nouveau aux joues. Mon regard fit le chemin entre sa main et son visage désormais orné d'un sourire timide. « Ici, tu te souviens de moi. Tu entends... ? Qu'est-ce que ça dit ? » Je déglutis, respirant profondément pour calmer les battements de mon cœur. Une de mes mains lâcha le plateau pour glisser jusqu'à la sienne, recouvrant sa peau de mes petits doigts. Nouvelle décharge électrique. Décidément le moindre contact physique avec lui semblait déclencher une réaction chez moi. Il faudrait qu'il m'explique cela, car il était impossible qu'il n'ait rien ressentis.
« Je sais pas. » murmurais-je. Ma voix était aussi basse que possible. « J'ai l'impression que... » « Harper ! » Je relevais la tête vers le comptoir où me faisait signe mon patron. Merde. Je coinçais le tableau entre mes cuisses afin d'avoir les mains libres et d'attraper carnet et stylo dans la poche de mon tablier. J'écrivis à la va vite mon numéro de téléphone ainsi que mon adresse « Appartement n°8, Imikpuk Lake » avant de déchirrer le papier et de lui tendre.« Si tu veux passer, voilà mon adresse. Je..Je devrais être chez moi pour vingt heures. »dis-je avec un sourire en coin. J’espérais de tout mon cœur qu'il vienne, mais le cas contraire ne m'étonnerait pas. Il avait sûrement quelque chose à faire à cette heure là. Je retournais rapidement à mon post sous l'oeil réprobateur de mon patron. « Harper, il n'y a pas qu'un seul client ici. »« Oui, je sais. Désolé. » Il soupira avant de me sourire. « Je sais que c'est de ton âge de flirter, mais bon, pas sur ton lieu de travail. Et des garçons t'en croisera plein. » Je tournais ma tête dans la direction de Marlon, détaillant sa silhouette. D'autres garçons oui, mais lui, non. Je soupirais avant de me remettre au travail.
__ ELLIPSE DE QUELQUES HEURES __
Je n'avais qu'une hâte : rentrer me noyer sous une douche chaude. J'arrivais à Imikpuk Lake, le dos et les pieds enquilosés par le travail. Il y avait eu du monde cette après-midi, et j'avais du alterner commande, service et ménage. Et puis Marlon. Une rencontre qui m'avait chamboulé. Je l'avais invité à venir mais je doutais qu'il le fasse. Je ne l'avais même pas vu quitter le café. C'était peut-être trop à accepter en une seule journée. Une fois la porte ouverte, je me précipitais à l'intérieur, savourant la chaleur qui commençait à m'envelopper. Ni une ni deux je me débarrassais de tout mes vêtements avant de filer sous la douche. Enfin quelques minutes ou je mettais mon cerveau en mode OFF. Le silence pour seul son, je prenais le temps de me savonner le corps et les cheveux, détendant mes muscles douloureux particulièrement au niveau de ma jambe. La cicatrice n'était pas si vilaine, mais la douleur, même silencieuse, était toujours là. Je coupais l'eau et m'enroulais dans une serviette avant d'enfiler une culotte, un legging et un grand t-shirt. Je séchais sommairement mes cheveux. Il faudrait peut-être que je refasse ma coloration. Un pshit de déodorant et je me dirigeais vers mon coin cuisine pour me préparer un encas. Mes journées de travail me creusaient l'estomac bien que je puisse de temps en temps me servir dans les cookies du café, le soir il me fallait encore manger. Quelques minutes et un plat de pâtes plus tard, j'étais assise sur mon canapé à manger devant une émission débile, la jambe étendue sur la table basse. La solitude ne me pesait pas. J'aimais avoir mes moments de calme, où je n'avais pas paraître bien devant des inconnus. J'étais en train de lécher la crème sur mon assiette quand on toqua à la porte. Vingt-heure dix-huit indiquait mon téléphone. Serait-il possible que.. Je me débarrassais vite de ma vaisselle, étala le plaid sur mon canapé avant d'aller ouvrir. Les battements de mon cœur s'intensifièrent alors que je posais ma main sur la poignée de porte. J'inspirais et ouvrais. « Je..Je pensais pas que tu viendrais. »
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 20.03.14 10:33
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La scène du café m'avait mit dans un tel état qu'en rentrant chez moi, mon seul refuge contre l'implosion fut de m'enfermer dans le bureau pour terminer le travail de la journée avec un casque audio sur la tête et de la musique plein les oreilles. Je lisais, j'écrivais, je tapais sur ma calculatrice comme un robot, mais au bout d'un moment, les palpitations dans ma poitrine se firent tellement vives, surplombant de loin le volume que j'imposais à mes tympans pour essayer de faire taire la bataille interne qui grondait dans mon crâne, qu'il me fallut arracher mes écouteurs et prendre une inspiration semblable à quelqu'un qui venait de sortir de l'eau après une minute d'apnée pour reprendre le contrôle. Je jetais alors un coup d'oeil à ma main droite pour constater à quel point je tremblais, ce qui m'inquiéta d'autant plus. Je perdais tous mes moyens. Non, en fait, j'étais purement et simplement incapable de mettre des mots sur ce que je ressentais à l'intérieur. Ce n'était ni bon, ni mauvais, mais clairement destructeur. Ma seule certitude, c'est que mon envie de hurler était devenue si forte depuis quelques instants que je me mordis un poing pour vider mes poumons de cette rage qui les enfumait, ceci avant de me prendre la tête entre les mains et de laisser mon front venir taper contre le bois de la table. Je ne pouvais pas faire ça. Je. ne. pouvais. pas. faire. ça ! Étonnamment, c'était plutôt efficace de me fracasser le visage pour m'empêcher de penser, alors je choisis de recommencer. Une, deux... cinq fois. Lentement, mes doigts lâchèrent donc enfin prise sur ma tignasse et je poussais un soupir désemparé. Face à mon état physiologique, face à la situation actuelle, face à mes sentiments, face à ma vie. Et aussi parce que j'étais à moitié sonné. Heureusement qu'Elena dormait chez ses parents depuis quelques jours, parce que je n'aurais pas pu la regarder en face... mais d'un autre côté, j'aurais voulu qu'elle soit là pour me remettre les idées en place et me faire oublier ce que j'avais vécus deux heures plus tôt. Qu'elle me dise quoi faire. J'avais toujours besoin qu'on me dise quoi faire, de toute manière... et par mes simples pensées, je l'avais déjà trompée, en quelques sortes. Ma vieille compagne la culpabilité revint toquer à la porte de mon esprit aussitôt. Tiens, bonsoir... tu ne m'avais pas manqué et tu n'es pas la bienvenue, j'ai encore trop de choses sur la conscience pour te supporter. N'entre pas, je n'ai pas la force de vivre avec toi à mes côtés.
Alors que j'étais affalé sur mon bureau, un soupir m'échappa. Je ne savais pas si j'étais content de revoir Isla, si j'étais soulagé d'apprendre que mon rayon de soleil vivait encore sur cette planète, ou alors si je la détestais de tout mon être parce qu'elle me faisait remettre en question tant de choses en un seul claquement de doigts. Je n'avais techniquement pas le droit à elle et je m'accordais sur ce point, mais... mais...
Seigneur, aidez-nous. Un signe, juste un seul. Je ne sais que faire.
La porte de la pièce s'ouvrit sans que j'en prenne conscience, laissant entrer une silhouette qui s'approcha de ma tête. Puis, une caresse, suivie de lourds ronronnements. Je redressais alors le visage pour venir fixer le chat et son air bienheureux. « On devrait peut-être rester ensemble toi et moi, t'en dis quoi ? On ira te chercher un copain, je commencerais un élevage et je m'isolerais dans une maison perdue au bord de la ville, ça peut être une bonne option de carrière, non ? » Un soupir las m'échappa à nouveau, puis je me levais paresseusement, vidé de toute énergie, pour prendre l'animal contre mon épaule comme on le ferait avec un bébé et l'emmener avec moi jusqu'à la cuisine. Cuisine au milieu de laquelle je m'arrêtais tout à coup en lâchant brusquement la boule de poil qui retomba sur ses pattes. Une prise de conscience venait de me foudroyer sur place. En fait... jamais je n'aurais l'occasion de tenir ma fille ou mon fils de cette manière un jour.
C'était ça que ressentait Elena depuis Janvier. Je comprenais enfin.
J'avais envie de l'appeler pour m'excuser.
Ça ne marcherait pas.
Et ça faisait mal. Tellement mal. Impossible de rester dans cet appartement plus longtemps.
Là aussi, je compris pourquoi ma fiancée avait finit par prendre de la distance. Elle qui avait commencé à se faire des films quand à son futur dans chaque pièce de notre habitation avec un enfant, il fallait maintenant qu'elle y renonce. Chaque chambre devenait invivable.
À présent, moi non plus, je ne pouvais pas rester ici. Il fallait... il fallait que j'oublie ce qui venait de m'arriver, que j'oublie tout ça et que... que... que je parte. Merde !
Sortant le papier avec l'adresse que m'avait laissée Isla par automatisme, je m'empressais d'aller mettre mes chaussures ainsi qu'une veste chaude pour m'échapper à l'extérieur, tel un voleur dans sa propre maison. Je courrais à ma perte, mais au moins je courrais suffisamment vite pour que le vent m'empêche de l'entendre. Echapper, il fallait échapper à tout ça.
...
« Je..Je pensais pas que tu viendrais. » Ses yeux captèrent mon attention de façon quasi-immédiate et je me pinçais les lèvres d'un air gêné. « Honnêtement... moi non plus. » Je coupais le contact visuel un instant en baissant le regard sur mes pieds, puis relevais à nouveau ma tête, tel un adolescent de seize ans face à cette fille qui l'avait fait craquer au premier coup d'oeil, il y a longtemps. « Mais j'avais besoin de te voir. » Un temps. « Je crois... que j'ai oublié des choses te concernant, moi aussi. » Et je voulais qu'elle me laisse entrer dans cet appartement. Dans sa vie, qu'elle me fasse une place et me prenne dans ses bras. Je voulais rêver à nouveau et la faire rêver aussi avec moi, cette fois. Je voulais, je voulais. J'étais un monstre d'égoïsme avec un trou béant à la place du coeur.
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 21.03.14 12:09
When you feel my heat. Look into my eyes. It’s where my demons hide. Don’t get too close. It’s dark inside.It’s where my demons hide. I wanna shelter you. But with the beast inside. There's nowhere we can hide | Marlon & Harper
Ghost and Dreams
Automatiquement, son regard s'accrocha au mien. Je déglutissais. « Honnêtement... moi non plus. »avoua-t-il avant de rompre le contact visuel pour se concentrer sur ses chaussures. Est-ce que c'était moi qui le mettait mal à l'aise ? Je restais immobile, la main sur la poignée de porte. Marlon releva la tête « Mais j'avais besoin de te voir. » Je ne pouvais retenir le sourire qui naquit sur mes lèvres. « Je crois... que j'ai oublié des choses te concernant, moi aussi. » Je l'observais, toujours en souriant, Marlon était une énigme pour moi. Il faisait partit de mon passé c'était indiscutable, et je voulais qu'il fasse partit de mon futur. «Merci d'être venu.. Ça serait mieux d'être à l'intérieur pour parler, non ?» Je m'écartais pour lui laisser le champs libre. Il passa le seuil de mon appartement, alors que j'expirais doucement, refermant la porte derrière lui. J'espérais que mon appartement soit suffisamment rangé à son goût. J'étais angoissé, mais heureuse à la fois. C'était une drôle de sensation qui me parcourrait les veines comme le feu sur une traînée de poudre. J'avais voulu qu'il vienne, qu'il me parle, qu'il reste près de moi. Je le voulais encore mais j'avais peur. « Est-ce que tu veux boire quelque chose ? » dis-je en passant à côté de lui, le frôlant à peine, avant d'aller dans le coin cuisine. « Je dois avoir du jus d'orange ou du coca. Ou un thé peut-être. Je bois pas de café alors... »J’enchaînais les mots à une vitesse folle, c'était mon tic quand j'étais nerveuse. « Je..'Fin tu peux demander ce que tu veux. » Un faible sourire s'étalait sur mon visage alors que je le regardais. Mes battements de cœur s’accélérèrent. Mon corps avait des réactions que je ne contrôlais pas lorsque j'étais en sa présence, c'était étrange. Mais je ne savais pas comment aborder le sujet.
Je vis son regard dévier de mon visage à mon corps, je fis également le même chemin remarquant ma tenue. Je croisais les bras sur ma poitrine, en espérant que le tissu ne soit pas transparent. J'aurais peut-être du enfiler un gilet. Mes pieds me menèrent au canapé, où je reprenais ma position avec ma jambe étendue sur la table basse. « Fais comme chez toi. Parce que, je pense qu'on va en avoir pour un moment. » Je triturais mes mains, alors qu'il se débarrassait de son manteau. « Je pense que ça serait bien si je te racontais tout. Enfin, ce que je sais. » C'était la première fois que j'allais tout raconter. D'ordinaire je n'aimais pas me confier, mais Marlon était différent. Je devais le faire. J'avais besoin de le faire. Je baissais la tête, observant mes mains pour ne pas croiser son regard. « J'étais à White Horse, Canada pendant ces deux dernières années. A l’hôpital plus précisément. Apparemment, on m'a trouvé inconsciente dans les bois prêt de la frontière et j'avais de sacré blessures. » J'avais eu de la chance d'être trouvé. J'aurais pu me vider de mon sang et personne ne l'aurait su. « Il y a encore quelques temps, je ne savais pas ce qui m'était arrivé. Clio m'a apprit pour l'accident de voiture et... mon père... Enfin, voilà. Je suis resté environ deux mois dans le coma et à mon réveil, pouf. Aucun souvenir. J'étais une coquille vide. » Je retenais mes larmes. Je ne voulais pas pleurer, parce que je n'étais pas triste. C'était peut être la nervosité qui faisait effet.
« Les seules choses que je savais c'était mon prénom, mon âge, la ville où je suis née. Tout ce qu'on avait pu trouver dans mon sac. Et rien de plus. » Je triturais à présent mon t-shirt, l'enroulant autour de mes doigts. « J'ai été soigné physiquement et mentalement. Il m'a fallu de la rééducation, et crois moi je n'étais pas coopérative...» Ce souvenir m'arracha un sourire. Qu'est-ce que j'avais pu envoyer balader les soigneurs. «... mais j'ai réussi à me remettre sur pied. A peu prêt. Et sur conseils de mon psy, je suis revenue ici pour en savoir plus. » Il était resté silencieux, et ça m'angoissait. Mon histoire pouvait paraître tellement absurde, comme un téléfilm bon marché. Je comprendrais qu'il se moque, qu'il ne me croit pas. Je le comprendrais mais ça me blesserait. « T'as le droit de pas me croire hein, je ne t'en voudrais pas. »dis-je, relevant enfin la tête. Je m'accrochais à son regard, me noyant dans ses prunelles claires. Je détaillais chaque trait de son visage, les mémorisant au cas où je n'aurais pu l'occasion de les revoir. « Voilà mon histoire. Enfin ce que j'en sais.. Si je peux en apprendre plus sur moi, sur ma vie d'avant, alors je prends. » Je dégageais une mèche rosée de mon front, resserant mon chignon avant de poursuivre. «Est-ce que tu me pardonnes pour avoir disparu du jour au lendemain ? » J'étais consciente que l'accident n'était pas de ma faute, enfin ça je n'en étais pas sur, mais je m'en voulais pour lui avoir causer de la peine. J'avais vu dans son regard, quand j'avais pris sa commande, que me voir avait réveillé des souvenirs douloureux. J'avais lu son émotion et ça m'avait touché.
Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 26.03.14 10:23
my age has never made me wise
harper ∞ marlon
Still believe in magic J'aimerais comprendre comment ça fonctionnait, tout ça. Comment le simple fait qu'elle me sourie parvienne déjà à me calmer un peu, quand bien même j'étais actuellement sur les nerfs. L'impression que je ne devrais pas me trouver ici persistait dans un coin de ma tête, mais c'était plus fort que moi, il n'y avait qu'ici que je me serais senti à l'aise ce soir. Soit j'étais vraiment faible d'esprit pour avoir cédé aussi facilement à mes pulsions, soit le destin avait décidé que c'était la meilleure chose à faire. J'aimais essayer de me convaincre de ça, mais ce n'était pas aussi simple, car quelque part ailleurs dans cette ville, une jeune femme qui comptait pour moi souffrait en silence, j'en étais conscient, et je n'étais même pas là pour la réconforter. Au lieu de ça, quoi ? J'avais décampé de mon côté pour rejoindre une autre fille. Une fille qui se trouvait être mon ex, autrement dit une personne qu'Elena n'appréciait pas plus que ça, pour rester poli. Hm... mais après tout, pourquoi je serais le seul fautif, en fait ? J'avais fais de réels efforts pour elle depuis Noël et tout ça pour qu'elle décide finalement de quitter l'appart, en fin de compte. C'était un peu normal que je commence à baisser les bras après tout ce temps, sans compter que j'étais encore en deuil de mon frère et que ça aussi, c'était pénible à vivre.
J'entrais donc dans la pièce lorsqu'Isla m'y invita et la suivis jusqu'au salon en décidant de mettre de côté ma culpabilité pour quelques heures. À la limite, ça m'aurait presque fait plaisir que ma fiancée apprenne que j'étais ici, parce que peut-être que comme ça, elle commencerait enfin à se réveiller pour essayer de me ravoir avant que je lui glisse entre les doigts. Ouh... je me rendais compte que j'étais énervé contre elle, dans le fond, et pas qu'un peu. J'espère juste que ma visite improvisée chez Mlle Jones n'était pas uniquement motivée par un désir de faire réagir ma compagne. Hum... non. Non, c'était pas mon genre. En tout cas, je ne crois pas. « Je..'Fin tu peux demander ce que tu veux. » « Non c'est bon, c'est gentil, ça va bien comme ça. » Je lui rendis son sourir et détaillais encore un instant son visage avant de laisser mon regard glisser un peu plus bas. Il est clair et net qu'elle n'était pas habillée dans le but de faire un défilé chez victoria secrets dans dix minutes, mais ça me rappelait quelque chose. Par contre, j'imagine que je n'avais pas été très discret, vu la façon dont ses bras se sont croisés d'un coup sur sa poitrine. Aussitôt, je me redressais en m'éclaircissant la gorge, l'air de rien. « Fais comme chez toi. Parce que, je pense qu'on va en avoir pour un moment. Je pense que ça serait bien si je te racontais tout. Enfin, ce que je sais. » Je hochais la tête, puis retirais mon manteau, mon écharpe ainsi que mes chaussures avant de venir m'installer à ses côtés. Ce qu'elle avait à me raconter m'intéressait au plus haut point. Oui, je voulais savoir... et si ça me permettait de l'aider par la suite, c'était d'autant plus important. Je voulais réellement faire quelque chose pour elle. Le récit commença donc et je croisais les mains en baissant sagement la tête pour mieux assimiler ses paroles. Bon. Okay, son histoire me semblait complètement folle. De plus, il y avait des blancs à remplir qui me laissaient perplexe, voir inquiet. Pourquoi l'avoir signalée morte et non pas disparue ? Pourquoi nous avoir fait enterrer un cercueil vide de la sorte ? Quel intérêt ? Et qui avait fait ça, surtout ? Pourquoi ?! Il y avait un coupable dans l'affaire, quelqu'un qui avait éloigné cette jeune femme de nous, de moi, et j'allais trouver de qui il s'agissait pour lui refaire le portrait. Je fronçais donc les sourcils en restant parfaitement silencieux, mes doigts crispés entre eux afin de contenir ma rage, ruminant ainsi les phrases que j'avais entendues jusqu'à ce qu'Isla me pose une question qui me sortit de mes pensées. Avec tout ça, j'avais complètement laissé de côté le fait que la pauvre demoiselle s'était mise dans un tel état émotionnel que ses iris en étaient devenus vitreux. Elle était à deux doigts de pleurer et juste ça, ça calma ma colère. Est-ce qu'elle pensait que j'étais fâché contre elle à cause de mon attitude du moment ? « C'est pas de ta faute, non ? T'as pas demandé à avoir cet accident. » Je me redressais en même temps que ces mots m'échappaient, puis, après un court moment d'hésitation, me rapprochais un peu de mon interlocutrice pour passer un bras derrière ses épaules et l'attirer contre moi. « Si tu m'avais menti, je l'aurais deviné tout de suite. Je suis pas fâché contre toi... on va t'aider à remettre les choses en place, c'est promis. » Je lui offris un petit sourire en reposant mes yeux sur les siens. Elle m'avait manqué. Elle m'avait tellement manqué, seigneur. Est-ce que c'était flagrant dans mon regard ? Il fallait que je lui change les idées, même si je ne savais pas trop où ça nous mènerait. Je ne voulais pas tellement revenir sur la partie "accident". « Si je t'ai fixée de travers, y'a cinq minutes, c'est parce que c'est exactement comme ça que je t'ai retrouvée le jour où t'as cru que j'avais oublié ton anniversaire. T'étais en train de déprimer avec un gros pot de glace devant ta télévision quand j'ai débarqué, du genre le stéréotype typique qu'on voit dans les films, et je me suis fichu de toi pendant au moins un quart d'heure après ça. » Un léger rire m'échappa. C'était ces petits moments qui m'avaient manqué depuis sa disparition et... me dire que ça pouvait recommencer me serrait tellement le coeur que j'avais envie de pleurer à mon tour. C'était trop beau pour être vrai, je ne réalisais toujours pas ce qui était en train de se passer. Impossible d'assimiler en un claquement de doigts le retour d'un être qu'on avait tenté de rayer de sa vie pendant si longtemps. « Ensuite, tu t'es enfermée dans ta chambre pour te changer et tu refusais de m'ouvrir la porte quoi que je fasse, et puis on est finalement sortis en ville. » Je repliais une jambe sur le canapé. « Et je sais plus pourquoi, mais au lieu d'aller au restaurant, on a fini au mcdo... c'est... Ah ! Oui, voila, t'avais reçu des réductions pour un nouveau burger qu'ils avaient mit temporairement à la carte et comme on en parlait depuis des jours en se donnant envie, on s'est fixés pendant dix secondes au moins après avoir passé en voiture devant le fastfood, pis j'ai finis par faire demi-tour en voiture. C'était plutôt comique de voir une fille bien habillée dans un endroit pareil, les gens nous dévisageaient trop, hahahaha. » Je finis par redevenir silencieux en me rendant compte que mes yeux ne décrochaient littéralement plus de ceux d'Isla, à présent, mais aussi que j'étais le seul à savoir de quoi je parlais. C'était bizarre. Je la voyais elle, certes. Même visage, même voix, même sourire, mais était-ce encore la même femme ? L'entièreté de son corps criait au mien de se rapprocher, mais je ne pouvais pas m'empêcher d'être tenu à l'écart par les barrières dans son esprit. Et ce que je venais de lui raconter devait lui sembler comme l'histoire d'une autre personne, non pas la sienne. Ca devait être... tellement dur. « ...je suis vraiment désolé d'apprendre ce qui t'es arrivé. » Effectivement, je l'étais. Mais si "Harper" était quelqu'un d'autre aujourd'hui, tout ce que j'avais à faire, c'était nous permettre repartir à zéro, non ? Dans le fond... l'idée n'était pas si déplaisante que ça, lorsqu'on savait la souffrance que je lui avais imposée par le passé, dans ma grande stupidité et surtout mes tendances insécures. C'était peut-être l'occasion de me rattraper. J'en oubliais immédiatement Elena. « Mais ce que je te dis doit pas vraiment beaucoup te parler, hein ? » Un mince sourire étira mes lèvres. « Je me demande si ce qui compte vraiment, ce serait pas les souvenirs que tu vas te créer maintenant et non pas ceux de ton autre vie. Après tout, c'est plus complètement toi, non ? Je pense que ça te ferait plus de peine qu'autre chose qu'on te raconte l'histoire d'une étrangère à laquelle tu pourras pas t'identifier totalement. Tu as du te sentir mal, face à Clio, non ? De pas pouvoir répondre à ses attentes... des visages connus, mais inconnus, qui te disent des choses bizarres et qui ne te rappellent rien. » Je pris une grande inspiration et réfléchis deux secondes, puis passais doucement une main dans ses mèches de cheveux qui dépassaient. Même si ma bouche parlait de trucs concrets et plutôt intellectuels, mon coeur, lui, battait la chamade, si bien que je ne me rendis même pas compte que je m'étais rapproché du visage d'Isla de la même manière dont elle-même l'avait fait avec moi au café, tout à l'heure. Je le savais. Subconsciemment, je savais qu'elle voulait de moi auprès d'elle. C'était on ne peut plus réciproque. Il ne pouvait pas y avoir "rien", pas après que ses yeux ne cessent de me dire "je t'aime" de manière si évidente Ma mémoire contre la sienne. Ca ne m'aurait pas gêné de tout oublier à l'instant pour ne plus me rappeler que de ses lèvres et ainsi savoir les reconnaître au milieu des millions de gens qu'abritait cette planète. Parler avec des mots ne servait à rien, écouter avec ses oreilles ne menait nulle part, voir avec ses yeux équivalait à être aveugle, dans cette situation. Les sentiments, les cris du cœur, les réactions physiologiques. Ce frisson au bout des doigts. C'était à eux que l'on devait se fier. « mais tu sais qui je suis... »
Je vins poser une main devant ses yeux tout en fermant moi-même les paupières pour couper le contact visuel entre nous et ainsi déconnecter ce sens à présent inutile de notre système nerveux. Presque aussitôt, ce petit détail eut l'effet d'un interrupteur sur moi et un mouvement vers l'avant se fit de lui-même. J'embrassais alors la jeune femme sans même me poser de questions, parce que c'est ce que j'avais envie de faire depuis le début.
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Bienvenue à Barrow
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Sujet: Re: Ghosts and Dreams. ft. Harper 26.03.14 18:47
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Ghost and Dreams
Il m'avait laissé parler sans m'interrompre. J'appréciais son geste, je ne l’empêchais pas de s'exprimer mais je savais que s'il me coupait j'aurais du mal à continuer. Il fallait que ça sorte d'une traite, que je puisse enfin lui faire comprendre la vérité. Marlon semblait éprouvé par mon retour et je ressentais le besoin de pouvoir m'expliquer, presque de me justifier alors que je n'étais pas responsable de l'accident. J'étais responsable de son chagrin. « C'est pas de ta faute, non ? T'as pas demandé à avoir cet accident. » Je lui offrais un timide sourire en retour. Ses paroles me soulageaient. Je ne voulais pas qu'il m'en veuille, pas lui. J'attendais patiemment qu'il dise ou fasse quelque chose, je ne savais pas comment agir après lui avoir dit ce que je savais. Il se redressa un peu, quittant enfin la position tendue qu'il avait adopté. Son corps se retrouva près du mien alors que son bras glissait sur mes épaules. Il m'attira contre lui. Je ne pu réprimer un léger gémissement. Mon corps semblait se fondre parfaitement au sien, comme si c'était sa place. C'était un geste naturel. Comme à chaque contact avec lui, je ressentais la même chaleur que cette après-midi quand je l'avais calmé de sa petite crise de panique. C'était grisant. Je ne bougeais pas, les bras autour de mon genoux relevé contre ma poitrine. Même si j'étais plus que contente d'être collé à lui, je ne savais pas comment agir. Est-ce que je devais le toucher ? Je ne savais pas, j'étais un peu perdue. « Si tu m'avais menti, je l'aurais deviné tout de suite. Je suis pas fâché contre toi... on va t'aider à remettre les choses en place, c'est promis. » dit-il en souriant, son regard parcourant mon visage. Je le fixais en retour, surprise parce que je pouvais lire son visage. Je n'eu pas l'occasion de lui demander la raison qu'il me répondit « Si je t'ai fixée de travers, y'a cinq minutes, c'est parce que c'est exactement comme ça que je t'ai retrouvée le jour où t'as cru que j'avais oublié ton anniversaire. T'étais en train de déprimer avec un gros pot de glace devant ta télévision quand j'ai débarqué, du genre le stéréotype typique qu'on voit dans les films, et je me suis fichu de toi pendant au moins un quart d'heure après ça. » « Ah bon ? » Je me concentrais sur sa voix, essayant de m'accrocher aux souvenirs qu'il me racontait. Je lui souriais, impatiente d'en savoir plus. Il laissa échapper un rire. Je déglutissais, mon regard toujours vrillé au sien. Le voir souriant, le visage léger, c'était sûrement la plus belle vision de lui que j'avais eu depuis notre rencontre. « Ensuite, tu t'es enfermée dans ta chambre pour te changer et tu refusais de m'ouvrir la porte quoi que je fasse, et puis on est finalement sortis en ville. » Je fermais les yeux, essayant de le visualiser à cette époque « Et je sais plus pourquoi, mais au lieu d'aller au restaurant, on a fini au mcdo... c'est... Ah ! Oui, voila, t'avais reçu des réductions pour un nouveau burger qu'ils avaient mit temporairement à la carte et comme on en parlait depuis des jours en se donnant envie, on s'est fixés pendant dix secondes au moins après avoir passé en voiture devant le fastfood, pis j'ai finis par faire demi-tour en voiture. C'était plutôt comique de voir une fille bien habillée dans un endroit pareil, les gens nous dévisageaient trop, hahahaha. » Je ne me pu m’empêcher de rire. Ça, ça me ressemblait tellement. J'étais contente d'apprendre que je n'avais pas changé sur le plan nourriture. « Je comprends mieux pourquoi j'ai un aussi gros appétit. A l'hopital, j'avais souvent le droit à deuxième plat tellement j'avais faim. Et plus c'était gras, plus ça me plaisait. »
On se fixait dans les yeux comme si plus rien n'avait d'importance. Je ne pouvais me détourner de ses prunelles dans lesquelles je voulais me noyer. A cet instant précis, Marlon était ce à quoi je me raccrochais. Je ne me souvenais pas de ce qu'il me racontait mais je buvais ses paroles. Il pourrait me parler pendant des heures de ma vie d'avant, je resterais là patiemment à l'écouter. J'avais envie d'y croire quand ça sortait de sa bouche. Je me collais un peu plus contre lui, profitant de la chaleur que dégageait son corps. « ...je suis vraiment désolé d'apprendre ce qui t'es arrivé. » Je posais ma main sur son torse « Ne le sois pas.» « Mais ce que je te dis doit pas vraiment beaucoup te parler, hein ? » « Pas vraiment non.»répondis-je, un peu honteuse. « Je me demande si ce qui compte vraiment, ce serait pas les souvenirs que tu vas te créer maintenant et non pas ceux de ton autre vie. Après tout, c'est plus complètement toi, non ? Je pense que ça te ferait plus de peine qu'autre chose qu'on te raconte l'histoire d'une étrangère à laquelle tu pourras pas t'identifier totalement. Tu as du te sentir mal, face à Clio, non ? De pas pouvoir répondre à ses attentes... des visages connus, mais inconnus, qui te disent des choses bizarres et qui ne te rappellent rien. » Je comprenais son point de vue. C'était sûrement l'attitude qu'il adopterait si il était à ma place. C'était plus facile d'aller de l'avant et de ne pas souffrir en pensant à ce qu'on avait perdu. « Tu sais, j'ai envie de savoir qui j'étais avant. Ce que j'aimais ou non.. C'est pas facile de faire face à tout ces gens que j'ai blessé en disparaissant, mais j'ai envie de pouvoir les réconforter en leur montrant que je suis toujours là. Différente mais vivant..» Ça c'est ce que j'ai envie moi, mais pas forcément ce que veulent les autres. Mon comportement pouvait paraître égoïste mais je ne pouvais pas tourner la page sur vingt et un ans de mon existence.
Je n'avais cessé de le regarder. C'était presque comme si ma vie dépendait de lui. Ses doigts vinrent trouver mes cheveux, les touchant légèrement juste assez pour me coller des frissons. Je sentis les battements de mon cœur s'accélérer à mesure qu'il s'approchait de moi. « mais tu sais qui je suis... » Sa voix n'était qu'un murmure, une caresse. Les mots que j'avais sur le bout de la langue refusaient de sortir. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais dire avec ma bouche que je ne pouvais lui dire avec les yeux ? J'essayais de lui faire passer par le regard tout ce que je ressentais mais que j'étais incapable d'exprimer par la voix. Marlon. Garde moi prêt de toi. Pour toujours. Alors que je ne cessais de le dévorer du regard, il posa sa main sur mes yeux et ainsi me cacha son visage. Je ne fis aucun mouvement, cherchant à comprendre ce qu'il faisait. Je pouvais déjà sentir l'adrénaline parcourir mes veines. Un souffle sur ma peau. J’en-trouvais la bouche pour respirer plus facilement, mon cœur battant ne m'aidant pas à conserver une respiration régulière. Des lèvres contre les miennes. Je me figeais un dixième de secondes. Un baiser.
Je n'attendis pas plus longtemps avant de répondre à son baiser, faisant pression sur sa bouche. Ma langue vient caresser ses lèvres en une invitation muette. Je pouvais entendre les battements frénétiques de mon cœur, pompant furieusement mon sang et m'assourdissant quelque peu. La main que j'avais posé sur son torse se referma sur le tissu de son pull, trahissant la passion qui commençait à m'animer. Sa main dans mes cheveux se resserra également. J'attendais ce moment depuis le premier instant où j'avais posé mon regard sur lui. Tout mon corps m'avait poussé vers lui. Chaque fibre me hurlait de le toucher. C'était maintenant chose faite. Notre baiser qui n'était qu'une redécouverte chaste au début se modifia. Maintenant que je l'avais goûté, j'en voulais plus. Je n'avais plus à avoir peur puisque c'était lui qui avait fait le premier pas. Je me décollais de lui, quittant sa chaleur rassurante pour me placer à genoux face à lui. Nos lèvres s'étaient séparés quelques secondes avant que je n'écrase de nouveau ma bouche contre la sienne, comme une déclaration désespérée. Je plaçais mes mains de part et d'autres son visage, le découvrant du bout des doigts alors que sa main se trouvait encore à moitié sur mes yeux. Je la lui retirais pour voir ce visage que je ne voulais plus quitter. Nos yeux s'accrochèrent de nouveau, les joues rougies et la respiration haletante. Mon corps entier me semblait en feu, rythmé par les battements incessant de mon cœur. J'en oubliais tout, même ma douleur à la jambe. Je l'observais, cherchant à voir le moindre signe qui devrait me faire reculer. Je ne savais pas ce qui allait se passer suite à ce baiser, mais je n'avais qu'une envie, recommencer. L'adrénaline me poussa m’asseoir à califourchon sur lui, avec cette volonté de ne plus jamais le laisser partir. Assise sur ses cuisses, repliant ma jambe droite contre lui, j'essayais de récupérer une respiration normale. De la pulpe de mes doigts je découvrais chaque os, chaque fossette de son visage. A mesure que je le regardais, je voyais des images se superposer à la réalité. Furtives mais intenses. Son visage, plus jeune mais toujours aussi beau. J'étais en train de vivre mes premiers flash-back. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire « Je commence à savoir qui tu étais... » et je me penchais de nouveau vers lui pour capturer ses lèvres.