'cause everything has changed

Quand je panique la mécanique de mon cœur déraille au point que je me prends pour une locomotive à vapeur dont les roues décollent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.

Elle était en studio avec un nouvel artiste aujourd’hui. Il était doué. Vraiment doué et ça lui faisait plaisir de voir qu’elle arrivait encore à dénicher des talents comme lui. Lorsque son ancien patron lui avait demandé de prendre la tête du label, elle n’avait pu refuser. Qui serait assez fou pour le faire ? Pas elle. Elle s’était noyée dans le travail, oubliant un peu sa vie sociale pour ne pas affronter les gens qu’elle avait aimé et qui connaissaient la tragique histoire sans connaître la vérité. Elle avait longtemps évité ces personnes mais, aujourd’hui, elle ne prenait même plus la peine de le faire. Elle avait changé et elle n’était plus la même. Elle avait fini par se fabriquer une carapace, devenant une garce pour repousser les gens loin d’elle. Peu de personnes étaient parvenues à la faire rester comme elle était, la vraie Clio. Elle pouvait les compter sur les doigts de la main. Mais, avoir changé avait du bon. Elle avait fini par envoyer bouler ses parents, ces deux personnes qui n’avaient même pas pris la peine de réellement connaître leurs enfants et qui ont laissé tomber leur fils face à sa propre erreur à elle. Elle avait essayé de leur dire, de leur faire comprendre qu’il n’y était pour rien. Mais, ils avaient balayé ses arguments, ses tentatives préférant le jeter dans la gueule du loup que de l’écouter. Clio avait fini par quitter la maison familiale. Cette maison qui restait le seule lien qu’elle avait avec son frère. Tous ses souvenirs ou presque avaient été construits dans cette maison et pourtant, elle ne pouvait plus y vivre. En fait, elle ne pouvait même plus la regarder. Ca lui faisait penser à ce qu’elle avait fait, au fait que son frère avait pris pour elle.

Elle avait reçu un message. Un numéro qu’elle ne connaissait pas. Elle avait pensé que c’était un agent ou quelqu’un dans ce genre là qui essayait de la contacter pour lui faire connaître un artiste. Mais, elle s’était trompée lorsqu’elle vit la signature en bas du message. Arès. Son frère lui avait envoyé un texto et elle ne savait pas comment réagir face à ça. En fait, elle ne savait pas du tout si elle avait réagi. Elle avait regardé son smartphone pendant un bon moment sans lui répondre. Sans même réaliser ce qu’il lui demandait en fait. Il voulait la voir, lui parler. Il était de retour et il voulait qu’ils se voient. Sauf qu’elle ne savait pas si elle en serait capable. Elle ne savait pas si elle pourrait tout simplement affronter ce frère qu’elle aimait tant et qu’elle avait condamné à sa place. Elle voulait le revoir, de tout son cœur. Elle ne savait juste pas si elle en avait la force. Alors, elle prit son temps pour lui répondre, pesant le pour et le contre, cherchant un moyen de se défiler ou de se rendre plus forte pour l’affronter. Et puis, finalement, elle lui répondit par la positive. Clio voulait vraiment voir son frère. Il lui avait tellement manqué et elle avait besoin de le voir pour être rassurée sur son état. Elle savait qu’il aurait changé et elle avait changé mais, est-ce qu’ils arriveraient à se parler ou est-ce que ça avait fini par les détruire ? C’est ça qui lui faisait peur. Perdre son frère.

Alors, elle était en route pour le parc où ils s’étaient donné rendez-vous. Ca avait été bizarre d’échanger avec lui comme ça après tant de temps. Mais surtout, ça avait été froid, distant, comme si quelque chose les séparait. Clio avait pris place sur un banc, attendant son frère. Elle avait peur, elle stressait à mort en fait. Elle savait que quand elle le verrait, elle craquerait sûrement mais, pour le moment, elle se concentrait pour chercher les mots. Les bons. Il n’y en avait pas dans ce genre de situations même si elle aimerait bien. Elle se voyait mal lui dire « bienvenue à la réalité. C’est sympa d’avoir pris pour moi. Alors, c’était cool la prison ? ». Non, elle ne se voyait décemment pas dire une telle chose. Elle n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps car, une silhouette qu’elle connaissait que trop bien s’avança vers elle. Et elle ne put s’empêcher de verser les larmes qui menaçaient de couler depuis qu’elle était ici. « Arès… » Et elle fondit en larmes, ne pouvant garder son chagrin plus longtemps.

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À ce moment précis, il y a 6 470 818 671 personnes dans le monde. Certains prennent peur, certains rentrent chez eux, certains racontent des mensonges pour s’en sortir, d’autres font simplement face à la vérité. Certains sont des êtres maléfiques en guerre avec le bien et certains sont bons et luttent contre le mal. Six milliards de personnes, six milliards d’âmes, et parfois, il ne vous en faut qu’une seule....

Un message envoyé et quelques hésitations plus tard, Arès était prêt à revoir sa jumelle. Trois ans qu’ils ne s’étaient pas vu. Trois ans passés derrière les barreaux alors qu’elle était libre de ses mouvements, libre de passer ses journées sous la neige. Bien qu’il déteste cela, les flocons lui avaient manqué. Sa vie derrière les quatre murs de la prison n’avait pas été de tout repos. Il avait reçu peu de temps après avoir été enfermé une lettre de Clio lui disant qu’elle ne viendrait pas le voir. Il avait pris la nouvelle du mieux qu’il avait pu. Sa jumelle était tout pour lui. Elle était sa moitié, son âme sœur, la deuxième part de lui-même. Sans elle, il n’était pas complet et il ne se sentait pas vivant. Il pensait que c’était la même chose pour elle, mais apparemment, il s’était largement trompé. Arès avait donc vécu trois années de sa vie avec une partie de son cœur manquante. Heureusement que Cappie venait le voir et lui donnait des nouvelles d’elle. Il attendait avec impatience les visites de sa cousine parce qu’elle lui rendait la vie carcérale bien plus douce. Mis à part ça, il avait failli se faire violer les premiers mois de son enfermement. Il avait réussi à se débarrasser du malotru et avait passé le reste de son séjour en cellule seul. Maintenant, il était sorti de prison et était retourné chez ses parents. Il avait été obligé, n’ayant aucune ressources financières et surtout, personne ne voulait louer son appartement à un ex-tolard. Arès s’y était attendu à cette étiquette qui lui collerait à la peau pendant les années à venir. Il ne serait plus Arès Jones, le mec populaire à qui tout réussissait, non, il serait Arès Jones, le meurtrier et l’ex-tolard. Il s’y habituerait avec le temps…

Encore chez ses parents, il avait repris possession de sa chambre d’adolescent qui n’avait pas changé depuis trois ans. Ses parents n’avaient pas voulu toucher à la pièce, peut-être par peur de devenir des meurtriers eux aussi. Personne ne leur avait dit que cela ne s’attrapait pas et que ce n’était pas lui qui avait vraiment tué Jenna. Le brun en aurait bien rit si la découverte de la vérité n’allait pas nuire à Clio. D’ailleurs, il évitait au maximum les Jones. Le regard haineux que lui lançait son père ne lui faisait quasiment plus rien tandis que celui de sa mère lui faisait comme un coup de poignard dans le cœur à chaque fois. Pour eux, il était coupable et ils n’avaient pas cherché plus loin. Arès préférait qu’ils le regardent lui comme un meurtrier plutôt que Clio. Bien qu’elle fasse femme forte, elle était fragile et elle n’aurait pas supporté d’être la paria de la ville de Barrow. Son jumeau lui s’en fichait comme de sa première dent de lait tombée. Des petits coups frappés à sa porte le firent sursauter. Sa mère entra alors dans sa chambre et elle baissa la tête pour éviter de rencontrer le regard de son fils. Serrant, les dents, Arès ne disait rien. Il n’avait jamais réellement porté ses parents dans son cœur, mais il avait pensé à tort qu’il le soutiendrait dans ce moment difficile. Bien qu’il les connaisse, les Jones ne cesseraient jamais de l’étonner et de descendre dans son estime. « Qu’est-ce que tu veux ? » demanda-t-il. Son ton était dur et froid et on pouvait entendre clairement le mépris qu’elle lui inspirait. Se tortillant sur place, sa mère semblait avoir peur de lui, peur de ce qu’il pourrait lui faire si sa folie meurtrière reprenait ses droits. « Ton père et moi souhaitons que tu quittes la maison le plus rapidement possible. » dit-elle en sortant le plus vite possible de la chambre de son fils.

C’était donc ça. Arès sourit narquoisement. Encore une fois, il en aurait bien rit, mais déjà que ses parents le prenaient pour un fou, cela n’arrangerait pas les choses. Il fallait qu’il trouve au plus vite du travail pour quitter définitivement la maison des parents. Seulement, cela n’allait pas être simple. Le jeune homme secoua la tête. Un problème à la fois… Pour le moment, c’était au tour de Clio. Il enfila un manteau chaud et ses chaussures et sortit de chez lui. Arès avait donné rendez-vous à sa jumelle au parc Herman et il se mit en route déterminé. Il n’allait pas abandonner en si bon chemin. Déjà, il avait fait le premier pas en lui envoyant le message. Pendant son trajet, il avait eu le droit à des chuchotis sur son passage. On le montrait du doigt et certaines fois, on changeait même de trottoir. Il ne cessa de sourire tout le long pour prouver que cela ne lui faisait rien. Arrivé sur place, il repéra de suite la tignasse brune de sa jumelle. Il aurait pu la reconnaitre entre mille. Il s’avança alors et vit les larmes couler sur les joues rouges de Clio. Il se précipita pour la prendre dans ses bras. « Clio, ne pleure pas tout va bien. Je suis là maintenant. » dit-il en resserrant ses bras autour du corps de sa jumelle.  Il aurait voulu lui dire tant de chose, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge à cause de l’émotion.

Spoiler:

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Quand je panique la mécanique de mon cœur déraille au point que je me prends pour une locomotive à vapeur dont les roues décollent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.

Elle s’est toujours demandé ce que ce serait quand elle reverrait son frère. Elle avait imaginé des millions de scénarios, des tonnes de choses à lui dire. Longtemps elle s’était imaginé les dialogues qu’ils auraient et dans chaque situation, elle retrouvait la complicité qu’ils avaient avant. Mais au fond, elle savait que quelque chose s’était cassé ou serait cassé. Elle ne pourrait jamais le regarder en face et elle ne se pardonnerait jamais le fait qu’elle lui avait involontairement gâché sa vie. Elle ne lui avait pas demandé d’aller en prison à sa place, il avait pris la décision sans elle. Mais, elle était persuadée que si elle n’avait pas eu la stupidité de l’appeler, rien de tout ça ne lui serait arrivé. Elle avait ruiné la vie de son frère. Il avait peu de chances d’avoir un avenir, un job. En ce qui concerne l’amour, elle savait que Charlotte était toujours célibataire mais, quelque chose en elle aussi avait changé. Toutes les femmes qui entouraient Arès avant d’aller en prison avaient fini par changer. Pourquoi ? Pour Charlotte elle ne sait pas. Mais pour elle …elle savait que ça avait un rapport avec la culpabilité. Elle ne savait pas pourquoi elle était si mal. Après tout, Arès lui avait dit qu’il ne voulait pas qu’elle aille en prison, qu’il en prenait la responsabilité. Elle ne lui avait pas demandé de prendre sa place mais, au fond, elle avait cette culpabilité de l’y avoir envoyé mais surtout de ne pas avoir payé pour ce qu’elle avait fait. C’était à elle de prendre trois ans en prison, à elle de faire face à ses actes, à elle de prendre ses responsabilités. Pourtant, elle n’y arrivait pas. Non. Elle n’avait jamais réussi à franchir les grilles de la prison.

Son frère la tenait dans ses bras et elle se sentait bien. Elle était heureuse de le retrouver et de le sentir à nouveau. Savoir qu’il était sain et sauf, qu’il avait survécu à tout ça, qu’il était à nouveau libre. Ça lui faisait du bien. Mais, Clio ne pouvait s’empêcher de se détester et de le détester au passage. Il avait été absent pendant trois ans. Trois longues années où Clio n’avait pas eu le soutien de son frère, où elle s’était retrouvée seule à affronter la connerie de leurs parents. Trois ans où elle a dû affronter la culpabilité de son acte et des conséquences qu’il avait eu sans lui parce qu’il avait pris pour elle. « Clio, ne pleure pas tout va bien. Je suis là maintenant. » Non, rien n’allait bien. Elle le savait, elle savait qu’il disait ça pour la calmer, pour qu’elle arrête de pleurer. Mais rien n’irait plus pour lui et elle vivrait toujours avec cette culpabilité. Après quelques minutes, Clio se recula un peu de l’étreinte de son frère et lorsqu’elle posa son regard un peu plus loin, elle vit deux mégères en train de les regarder et de se faire des messes basses. « Vous n'avez pas autre chose à foutre que de parler sur mon frère bande de vieilles biques ! » Elle était énervée maintenant. Contre elles. Contre elle. Contre la terre entière en fait. Son frère essaya de la calmer mais Clio était furieuse maintenant à force de ruminer tout ça. « Rien ne va Arès ! Plus rien ne va ! J’ai détruit ta vie, j’ai tout gâché ! Comment tu peux être aussi gentil avec moi ?! Je suis même pas venue te voir en prison… » Elle faisait les cent pas. Elle se fichait bien de ce que les gens autour d’eux pouvaient penser. Elle comptait bien lui dire tout ça. Faire tout sortir pour essayer de se sentir mieux. « Tu sais bien que tu as foutu en l’air ta vie pour moi… Je ne t’en remercierai jamais assez mais, tu n’aurais pas dû faire ça. Tu n’aurais jamais dû y aller à ma place. Tu as ruiné ta vie, tes chances d’avoir un avenir. Et c’est ma faute. Tout est entièrement ma faute. » Elle se remit à pleurer, ne supportant plus tout ça. Elle avait l’impression qu’elle brûlait de l’intérieur, qu’elle allait finir par exploser comme une bombe à retardement. C’était ce qu’elle était d’ailleurs. Un jour, elle allait aller se dénoncer et ce jour là, elle pourrait peut-être enfin dormir sur ses deux oreilles. En attendant, elle avait empêché un homme honnête et bon d’avoir ce qu’il voulait par la suite. Elle alla s’asseoir sur le banc et prit sa tête entre ses mains ne pouvant plus tenir sur ses jambes. Elle sentit son frère s’asseoir à côté d’elle et ça ne fit que plus l’énerver. Comment pouvait-il continuer à être gentil avec elle ?

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À ce moment précis, il y a 6 470 818 671 personnes dans le monde. Certains prennent peur, certains rentrent chez eux, certains racontent des mensonges pour s’en sortir, d’autres font simplement face à la vérité. Certains sont des êtres maléfiques en guerre avec le bien et certains sont bons et luttent contre le mal. Six milliards de personnes, six milliards d’âmes, et parfois, il ne vous en faut qu’une seule....

Avoir Clio dans ses bras après tout ce temps passé sans l’avoir touché ni même vu avait quelque chose d’apaisant. C’était comme si la vie reprenait son cours sans jamais avoir été interrompu par la case prison. Cependant, Arès n’était pas naïf au point de ne pas se rendre compte que sa relation avec sa jumelle ne serait plus jamais la même. Il avait beau l’espérer de toutes ses forces, ça ne serait plus jamais le cas. En trois ans, tous les deux avaient bien changé et peut être pas en bien. Les parents d’Arès l’avait informé que Clio n’était plus la même qu’elle avait été avant son emprisonnement. Le jeune homme resserra son emprise sur sa sœur lorsqu’elle se mit à se pleurer. La voir comme ça lui déchirait le cœur. Il aurait aimé pouvoir apaiser son cœur meurtrit, mais il ne savait pas comment faire. Tout ce qu’il pouvait faire c’était essayé de la rassurer mais il n’était pas sûr d’y arriver. Après quelques temps dans les bras de son jumeau, Clio s’écarta un peu de lui. Arès sourit tristement mais la laissa faire. Il ne pouvait pas la forcer à rester près de lui pendant trop longtemps. Sa jumelle se tourna alors vers deux petites vieilles pour les engueuler parce qu’elles les regardaient et faisaient des messes basses sur eux. Si Arès avait appris à laisser passer ces comportements depuis qu’il était sorti de prison, Clio n’avait pas eu la même chance et avait sûrement du les subir pendant trois ans. Etre la jumelle d’un meurtrier n’était pas vraiment le genre de vie que l’on rêvait. Le brun essaya de la calmer mais ce fut en vain. Elle s’échappa de son étreinte pour faire les cent pas pendant qu’elle se reprochait d’avoir ruiné sa vie et de ne pas être venu le voir en prison. Un sourire triste apparut sur son visage. Bien entendu, il ne lui en voulait absolument pas. C’était consciemment qu’il avait pris sa place et il ne s’était pas attendu à ce que Clio comprenne. Il connaissait assez sa sœur pour savoir qu’elle culpabilisait de l’avoir laissé prendre sa place.

Néanmoins, Arès restait convaincu que Clio aurait fait la même chose pour lui, même s’il lui, ne l’aurait jamais appelé justement pour qu’elle n’ait pas à passer par la case prison. Le jeune homme avait toujours été comme ça avec sa jumelle. Ils avaient beau avoir le même âge, il s’était toujours sentit plus vieux qu’elle et s’était toujours investit d’une mission qui était celle de la protéger à n’importe quel prix et ce même si cela consistait à passer trois ans derrière les barreaux. La brune continua à se rejeter la faute dessus et son jumeau était impuissant devant sa détresse. Il la comprenait et ne pouvait pas lui en vouloir de culpabiliser. Encore une fois, quand les larmes commencèrent à couler sur son visage, Arès sentit son cœur se serrer. Mais il ne fit rien pour la réconforter. Il savait qu’elle l’enverrait chier. Il la laissa s’asseoir sur le banc et prendre sa tête entre ses mains. Il s’assit à côté d’elle en se tournant de façon à être presque face à ses côtes. de son poing fermé, il frappa l’épaule de sa sœur. C’était la deuxième fois qu’il frappait sa sœur. La première fois avait été après l’accident qui avait tué Jenna et handicapé Mohini. Il l’avait giflé pour qu’elle reprenne ses esprits et disparaissent du lieu du crime. Cela l’avait sauvé de la case prison parce que comme Arès était sur place, les enquêteurs n’avaient pas cherché plus loin et l’avait embarqué. « Ecoute moi bien Clio ! Je sais bien que tu ne m’as jamais demandé de faire une chose pareille mais je l’ai faite et culpabiliser pour ça ne changera pas le passé. Je l’ai fait parce que je ne voulais pas que tu passes quelques années de ta vie en prison… Je n’aurais pas supporté te savoir enfermée. » Arès attrapa le menton de sa sœur et la força à le regarder. Ses yeux étaient encore baignés de larmes et il savait que tout ce qu’il dirait ne changerait rien à ce qu’elle pensait. Mais il devait essayer d’éradiquer ce sentiment de son cœur parce qu’un jour, elle irait se dénoncer et tout ce qu’il avait fait pour elle ce jour-là, n’aurait servi à rien.

« Et puis arrête de dire que tu as ruiné ma vie ! J’étais lucide quand j’ai pris ta place. Tu ne m’as pas menacé pour que je le fasse. Et puis, je suis sûr que tu aurais fait la même chose pour moi. Alors maintenant, on arrête de parler de ça… C’est derrière nous maintenant… » Dans son esprit, le mot UTOPIE s’inscrivit en lettres capitales et en rouge. C’était vraiment naïf de penser que quelques mots allaient mettre derrière eux cet accident. Arès le savait, mais il devait changer de sujet parce qu’il n’avait pas envie de s’éterniser sur ça alors qu’il venait de retrouver sa petite sœur. « Et si tu me parlais de ce que j’ai manqué ? » Son ton était faussement léger. Il n’avait pas envie d’entendre que les gens avaient continué leur petite vie tranquille alors que lui était resté enfermé pendant mille quatre-vingt-quinze jours. Mais si ça pouvait éviter à Clio de ressasser sa culpabilité, il devait le faire.

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« Ecoute moi bien Clio ! Je sais bien que tu ne m’as jamais demandé de faire une chose pareille mais je l’ai faite et culpabiliser pour ça ne changera pas le passé. Je l’ai fait parce que je ne voulais pas que tu passes quelques années de ta vie en prison… Je n’aurais pas supporté te savoir enfermée. » Il avait raison et elle le savait mais, elle n’arrivait pas à effacer cette culpabilité qui la hante depuis toutes ces années. Comment avait-elle pu le laisser faire ça ? S’accuser à sa place était une chose formidable, un geste d’amour dont elle ne l’en remerciera jamais. Mais, elle aurait tellement voulu avoir le courage de se dénoncer à sa place ou même de lui rendre visite en prison pour rendre les choses plus simples pour lui. Sauf qu’elle n’y était pas parvenue. Non, le voir derrière des barreaux ou une vitre plutôt lui était insupportable et insurmontable même. Elle s’imaginait les maltraitances qu’il devait subir. On l’avait chambré sur le fait que son frère avait dû se faire ce genre d’amis qui vous coincent dans les douches. Rien que l’idée d’y penser donner des frissons à Clio. Comment elle avait pu laisser son frère subir tout ça à sa place ? Elle devait être sans cœur pour ça. Ce qu’elle était devenue d’ailleurs. Arès attrapa son menton, la forçant à le regarder dans les yeux. Elle n’avait pas envie de l’affronter mais, elle n’avait pas le choix. Il ne lui laissait pas le choix. Les yeux de Clio étaient encore baignés de larmes. Elle avait du mal à affronter tout ça et tout était en train de ressurgir maintenant qu’il était à côté d’elle. « Et puis arrête de dire que tu as ruiné ma vie ! J’étais lucide quand j’ai pris ta place. Tu ne m’as pas menacé pour que je le fasse. Et puis, je suis sûr que tu aurais fait la même chose pour moi. Alors maintenant, on arrête de parler de ça… C’est derrière nous maintenant… » Elle mourrait d’envie de lui dire que si elle avait pas fait la connerie de l’appeler, il n’aurait jamais été dans cette situation. Oui, tout était de sa faute quoiqu’il en dise. Il pouvait ne pas la détester, elle le ferait pour deux. Et pas assez selon elle.

« Et si tu me parlais de ce que j’ai manqué ? » Elle regarda son frère, voyant qu’il cherchait à changer de sujet. Oui, elle le connaissait trop bien, c’était son jumeau après tout. En fait, elle le connaissait par cœur. Enfin, avant qu’il ne parte en prison. Elle savait très bien que depuis, il avait dû changer. On dit souvent que la prison change un homme et elle sentait qu’Arès avait changé. Et au fond, ça lui faisait de la peine. Elle avait peur qu’il ne soit devenu qu’un étranger pour elle, un homme qu’elle ne reconnaitrait pas. Oui, perdre son jumeau serait la pire chose qu’il puisse lui arriver mais, elle se dit que ce ne serait que ce qu’elle mérite. Oui, œil pour œil, dent pour dent. « Et bien… » Clio savait qu’il n’avait aucune envie d’entendre tout ça. Oui, elle connaissait son frère assez bien pour savoir qu’il n’avait pas envie de savoir. Qui voudrait savoir que les gens ont continué leurs vies alors que lui pourrissait en prison ? Personne. « Tu sais, la vie n’a pas été très palpitante pendant ton absence. Le train-train quoi. J’ai quitté la maison de papa et maman quand t’es parti. J’ai trouvé un boulot au Red Bedroom Record et le proprio me l’a cédé quand il a prit sa retraite. » Elle réfléchit un peu avant de balancer dans un murmure. « Et je suis tombée amoureuse de ton meilleur ami. » En espérant qu’il n’ait pas entendu. Oui, elle avait peur de ce que son frère pourrait dire. « Tu t’en sors depuis que tu es sortit toi ? T’es chez papa et maman ? »

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Changer de sujet c’était tout ce qui importait à Arès. Il ne voulait plus parler de la prison ni même des circonstances de l’accident. Il espérait mettre cet épisode de sa vie derrière son dos même s’il savait que c’était impossible. Toute sa vie, il serait le paria de la ville, celui qui avait tué Jenna et handicapé Mohini. Jamais personne ne le laisserait tranquille et dans trente ans, il en entendrait encore parlé. Pour trouver un travail, ce ne serait pas de la tarte, mais il devait essayer surtout maintenant que ses parents voulaient le foutre dehors. Il faudrait qu’il trouve une solution rapidement. Mais sans boulot, ça allait être difficile de trouver un appartement et encore plus avec son passé d’ex-taulard. De plus, il ne connaissait aucun ami susceptible de l’héberger et hors de question de parler de ses problèmes à sa jumelle. Il avait pris la décision de prendre la place de sa sœur et de s’accuser pour l’accident alors il devait assumer toutes les conséquences y compris celle de ne pas avoir de travail et de ne pas pouvoir partir de chez ses parents quand il le voulait. Et puis il était quasiment sûr que s’il lui parlait de ça, elle culpabiliserait encore plus et il n’avait pas besoin de ça puisqu’il voulait qu’elle arrête de s’en vouloir. Cependant, c’était peine perdue. Clio n’était pas le genre de personne à laisser passer ça. Elle était têtue et ce n’était pas parce que son frère lui avait dit que c’était bon, qu’elle allait arrêter de se voir comme la méchante. Il changea donc de sujet même si ce dernier n’était pas non plus un qu’il voulait aborder. Trois ans en prison et les gens avaient continués à vivre ce qu’il comprenait. Ils ne pouvaient pas attendre que Jones sorte de prison pour reprendre leur vie. Du coup, il se doutait que beaucoup de choses devaient s’être passées en son absence. Ce fut la raison pour laquelle il changea de sujet pour celui-là. Clio sembla réticente à lui en parler. Quelque chose de grave était arrivé pour qu’elle évite de lui dire ce qu’il avait raté ?

Elle se lança alors en lui parlant de la routine, du fait qu’elle avait quitté les parents et qu’elle avait trouvé un boulot à Red Bedroom Record. Arès était heureux que sa sœur ait continué à vivre sans lui et qu’elle ait plus ou moins réussit dans la vie. Il espérait qu’elle était un peu heureuse malgré tout ce qui s’était passé dans sa vie. Ce job était une bonne opportunité pour elle et il était content qu’elle ait trouvé cette place. Tout ceci n’aurait pas été possible si elle avait été derrière les barreaux. Il fallait qu’elle s’en rende compte. Lui, qu’est-ce qu’il aurait fait ? Il aurait continué à aller à l’université simplement pour les fêtes et sans jamais réellement assister à un cours. Il n’était pas spécialement fait pour les études et ça n’avait pas changé avec le temps. Alors c’était bien mieux qu’il soit allé en prison. Au moins, il avait ‘’appris’’ la vie, la vraie. Il avait changé tout comme sa jumelle et ils avaient perdus ce lien qui les unissait lorsqu’ils étaient enfants. Il n’était d’ailleurs, pas prêt de revenir, mais Arès ferait tout ce qu’il pourrait pour le récupérer. Clio lâcha alors une bombe monumentale. Elle était tombée amoureuse d’Aaron. Elle fit alors comme s’il n’avait pas entendu et enchaîna sur lui, sa sortie de prison et le fait qu’il vivait chez leurs parents. Il ouvrit la bouche pour parler mais la referma sans trouver les mots pour parler. Il était sur le cul que sa sœur lui annonce ça comme ça, sans prendre des gants. « Je vais le tuer ce connard ! Il s’est bien gardé de me le dire quand il venait me voir. » Personne ne touchait à sa jumelle et Aaron le savait depuis des années. Il n’en revenait pas qu’il ait brisé cette règle de l’amitié : ne jamais s’approcher de la sœur de son meilleur ami. Mais qu’avait-il en tête pour faire ça. Arès serra les poings et reporta son attention vers sa sœur. « Ça fait combien de temps que tu es amoureuse de lui ? Est-ce que vous êtes ensembles ? »

Il soupira et regarda droit devant lui avant de reprendre. « J’imagine que oui, vu que sinon, tu ne m’en aurais pas parlé. Rassure moi, tu n’as pas eu un gosse avec lui pendant que j’étais en prison ? J’ai pas envie de me retrouver tonton maintenant ! » Il savait qu’il n’avait pas le droit de faire ce genre de réflexion parce qu’elle était adulte, majeure et vaccinée mais c’était plus fort que lui. Clio allait certainement sortir de ses gonds, mais il s’en foutait. Il n’avait d’ailleurs pas l’envie de répondre à sa question et il ne le ferait pas. Elle n’avait pas besoin de savoir qu’il galérait. D’abord, il voulait savoir pour Aaron et elle…

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Quand je panique la mécanique de mon cœur déraille au point que je me prends pour une locomotive à vapeur dont les roues décollent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.

Se retrouver face à Arès après tout ce temps, c’était bizarre pour Clio mais surtout, elle ne savait pas vraiment quoi dire ou faire. Elle ne trouvait pas les mots mais surtout, elle avait peur qu’il se vexe. Oui, elle avait peur de lui donner l’impression que le monde l’a oublié pendant qu’il était derrière les barreaux et elle connaissait assez bien son frère pour savoir qu’il se sentirait mal. Alors, lorsqu’il lui demanda ce qu’il y avait de neuf, elle essayait de rester soft tout en étant un peu enthousiaste de lui raconter tout ça. Elle lui dit alors qu’elle avait été trouvé un appartement, qu’elle avait un bon job mais elle ne savait pas pourquoi elle avait lâché une telle bombe. Pourquoi lui avoir dit pour Aaron ? Pourquoi lui avoir avoué qu’elle en était tombée amoureuse alors qu’il n’y avait rien entre eux. Elle voyait le visage de son frère changer et elle savait qu’elle venait de commettre une véritable connerie. Surtout, une connerie monumentale. Elle voyait presque la fumée sortir de ses oreilles et son visage devenir rouge de rage. Heureusement qu’ils n’étaient pas dans un cartoon sinon, son frère aurait déjà explosé. « Je vais le tuer ce connard ! Il s’est bien gardé de me le dire quand il venait me voir. » Elle vit les poings d’Arès se serrer et elle savait déjà qu’une dispute allait éclater entre eux. Son frère était comme ça et elle savait que ce serait pire lorsqu’il apprendrait pour ses sentiments pour son meilleur ami mais, Aaron ne savait rien de tout ça car elle ne lui a jamais dit. Non, elle n’avait jamais avoué ses sentiments à Aaron parce qu’il est marié et que sa femme est malade et que ça ne se faisait pas. Elle ne pouvait pas briser son ménage parce qu’elle n’avait pas su rester assez distante avec lui. Elle voulait répondre mais il ne lui laissa pas réellement le temps, enchainant sur autre chose la concernant. « Ça fait combien de temps que tu es  amoureuse de lui ? Est-ce que vous êtes ensembles ? » Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais, rien ne vint. Elle se sentait mal et surtout, elle ne savait même pas depuis quand elle en était tombée amoureuse. Peut-être que c’était juste un peu après qu’il soit emprisonné, lorsqu’il avait été là pour elle parce qu’elle ne supportait pas cette situation. Ou alors, c’est peut-être la première fois qu’il est resté dormir avec elle après le procès. Elle avait été tellement touchée qu’il reste juste pour la serrer dans ses bras et la réconforter jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Oui, elle ne savait pas quand elle était tombée amoureuse de cet homme merveilleux. Elle allait enfin répondre quand il lui coupa à nouveau l’herbe sous le pied. « J’imagine que oui, vu que sinon, tu ne m’en aurais pas parlé. Rassure moi, tu n’as pas eu un gosse avec lui pendant que j’étais en prison ? J’ai pas envie de me retrouver tonton maintenant ! »

Elle le regarda choquée par sa réflexion. Comment… comment osait-il parler de la sorte mais surtout réagir ainsi ? Comment pouvait-il être aussi égoïste ? Et si elle avait eu un enfant, n’aurait-il pas été heureux si ça la rendait heureuse ? Elle avait l’impression que non et elle en était peinée. Peinée et enragée. Sa main d’ailleurs finit sa course sur la joue de son frère avec une force dont elle ne se connaissait même pas. Son frère fut choqué mais aussi énervé par son geste mais elle, elle était furieuse contre lui. « De quel droit tu te permets de dire ce genre de choses ?! De quel droit tu me juges et tu fais comme si tu avais un mot à dire sur ma vie ?! T’EN AS AUCUN !! T’es mon frère et même si j’avais eu un gosse pendant que t’étais pas là, tu devrais être heureux pour moi si ça me rend heureuse ! Mais apparemment, je n’ai pas le droit de l’être si tu ne l’es pas !! » Elle était dans une rage folle. Elle ne se connaissait pas comme ça. Mais, elle était tellement frustrée par tout ça qu’elle le prenait à cœur. Trop à cœur. « Et ne t’en prends pas à Aaron,  il a rien demandé et il n’est même pas au courant que je suis amoureuse de lui. C’est un homme bien et il le restera parce qu’il est marié et qu’il ne ferait jamais ça à sa femme malade !!! » Clio se leva, regarda son frère avant de remettre son sac sur ses épaules. « Tu sais, j’ai toujours cru que malgré tout ce qu’il pourrait se passer, tu serais heureux pour moi ou que tu serais là pour moi. Je sais que j’ai été une jumelle minable en te laissant pourrir là-bas seul et sans nouvelles mais t’as pas le droit de me traiter comme une gamine parce que j’ai vécu quand t’étais pas là. Je croyais vraiment qu’on essaierait de retrouver un minimum de relation toi et moi mais, je crois qu’on va en rester là… » J’essuyai une larme qui venait de couler sur ma joue avant d’ajouter : « Je te serais jamais assez reconnaissante pour ce que t’as fait pour moi mais si c’est pour le payer comme ça, je préfèrerais avoir moisie dans cette prison à ta place. Bonne continuation à toi Arès et je te souhaite de trouver le bonheur. » Et elle lui tourna le dos pour partir. Oui, elle était déçue par son frère mais ce qui lui faisait le plus de peine c’était l’étranger qu’il était devenu.

'cause everything has changed

À ce moment précis, il y a 6 470 818 671 personnes dans le monde. Certains prennent peur, certains rentrent chez eux, certains racontent des mensonges pour s’en sortir, d’autres font simplement face à la vérité. Certains sont des êtres maléfiques en guerre avec le bien et certains sont bons et luttent contre le mal. Six milliards de personnes, six milliards d’âmes, et parfois, il ne vous en faut qu’une seule....

Au vue de l’expression de sa jumelle, Arès se rendit compte qu’il avait été trop loin. Etait-ce le fait qu’il est dit qu’il allait tuer son meilleur ami ou le fait qu’il ne voulait pas être tonton ? Il n’en savait rien mais Clio était vraiment en colère et choquée. Il était déçu d’Aaron. Il n’aurait jamais pensé qu’il puisse faire ça à sa femme malade. Il avait toujours été fidèle et d’un coup il voulait se faire la sœur de son meilleur ami. L’ex-taulard n’était pas d’accord. Clio aurait pu trouver n’importe qui sauf lui. Le jeune homme avait toujours veillé à ce que sa jumelle se tienne loin de son meilleur ami parce qu’il savait qu’il avait toujours été plus ou moins attiré par elle. Mais là, qu’elle lui dise qu’elle était tombée amoureuse de lui le mettait sur le cul. Une douleur à la joue le ramena à la réalité et il regarda Clio mi énervé par son geste mi choqué. C’était bien la première fois qu’elle le frappait et cette gifle lui rappela celle qu’il lui avait donnée quand elle l’avait appelé après l’accident. Seulement, cette fois-ci, ce n’était pas une gifle pour le calmer, non, c’était une gifle de colère. Les mots qui sortirent de sa bouche eurent l’effet d’une douche glacée pour Arès. Comment pouvait-elle lui reprocher de ne pas vouloir qu’elle ait continué sa vie alors que lui pourrissait entre quatre murs ? Comment pouvait-elle se montrer si dure avec lui alors qu’il avait sacrifié sa vie pour elle ? Arès ne comprenait plus sa jumelle. Il avait l’impression d’être en face d’une étrangère, un vague souvenir. C’était comme s’il la voyait, qu’elle n’avait pas changé en trois ans physiquement mais qu’elle s’évaporait dans un nuage de fumée parce qu’elle avait changé psychologiquement. Il était d’ailleurs choqué de ce changement. Le jeune homme avait l’impression de perdre sa jumelle, sa moitié, son âme sœur. Mais apparemment, c’était la prison qui les avait changé tous les deux. Ils ne se comprenaient plus.

La suite radoucit légèrement Arès. Aaron n’était donc pas au courant du coup de cœur de Clio. C’était une bonne chose parce qu’ainsi, il ne serait pas tiraillé entre son amour pour la jeune femme et l’affection qu’il avait encore pour sa femme. Parce que personne n’était dupe. Depuis longtemps, il n’aimait plus sa femme et n’avait pour elle que de l’affection. Ça, Arès en était sûr mais cela ne lui avait jamais été confirmé. Clio se leva alors et remit son sac sur son épaule. Le jeune homme la regarda faire incrédule. Elle allait vraiment partir après lui avoir lâché ces horreurs à la gueule. La suite le laissa également sans voix. Elle lui reprochait encore de ne pas être heureux pour elle. Comment pouvait-il être heureux pour elle alors qu’elle s’était embarqué dans un amour à sens unique et surtout sans issu tant que la femme d’Aaron ne mourrait pas. Et encore, même après la mort de sa femme, ce n’était pas sûr qu’il accepte une autre femme dans sa vie. Le fait qu’elle soit déçue qu’ils ne puissent pas retrouver leur relation d’antan lui serra le cœur. Mais ils ne pouvaient pas vivre dans une utopie. Ils avaient passé trois ans éloignés l’un de l’autre. Alors que sa jumelle avançait dans sa vie, lui il stagnait derrière des barreaux. Ils avaient changé tous les deux et avaient chacun fait leur petit bout de chemin. Au fond de lui, il ne pouvait pas lui en vouloir de réagir comme ça. Mais là, il était trop énervé pour se rendre compte de cela. Elle s’essuya alors ses larmes et continua sur sa lancée. Puis, elle lui tourna le dos et parti. Elle allait vraiment le laisser comme ça après tout ce qu’elle lui avait balancé dans la figure. Ça il en était hors de question. Il ne supportait pas qu’on lui parle comme de la merde et encore moins quand la personne était quelqu’un qu’il appréciait. Clio n’allait pas s’en tirer comme ça. Arès se leva alors et rattrapa en quelques enjambées sa jumelle qui n’était pas partie très loin. Attrapant son bras, il le sera assez fort pour lui faire mal mais pas assez pour le compresser.

« Tu comptes vraiment partir comme une lâche ? Oui parce que là c’est exactement le cas. Tu t’enfuis sans même attendre que je parle, sans même que je puisse me défendre. Je t’ai connu moins couarde. Mais bon, c’est peut-être le fait que tu m’as laissé prendre ta place qui t’as rendu comme ça. » Arès jouait avec le feu, il le savait mais que pouvait-il faire d’autre ? Il n’en avait aucune idée. « Franchement, je me fous de savoir si t’as eu un mioche ou pas… J’aurais juste pensé que tu aurais le courage de m’envoyer une lettre pour me prévenir ! Tu sais ce que ça fait de passer trois ans derrière les barreaux à se demander tous les jours comment ta jumelle va, si elle est heureuse si elle arrive à avancer. Heureusement que Milo venait me voir pour me donner de tes nouvelles. » Il se recula légèrement pour se mettre hors de portée des baffes s’il y en avaient mais sans la relâcher. « Tu sais quoi, tu me fais pitié. J’ai presque honte d’avoir le même sang que toi et de t’avoir considéré une fois comme ma jumelle. » Arès la lâcha alors et se recula encore un peu. « Maintenant tu peux t’enfuir, aller te cacher quelque part. C’est ce que tu fais de mieux… J’espère que tu trouveras quelqu’un qui appréciera les lâches. » Il était odieux, froid et injuste avec sa petite sœur, mais ses paroles l’avaient blessé alors il voulait la blesser encore plus.

'cause everything has changed

Quand je panique la mécanique de mon cœur déraille au point que je me prends pour une locomotive à vapeur dont les roues décollent dans les virages. Je voyage sur les rails de ma propre peur. De quoi ai-je peur ? De toi, enfin de moi sans toi.

Clio se rendait compte qu’elle avait peut-être été un peu loin dans ses propos mais, l’attitude de son frère avait fait naître une telle rancœur en elle qu’elle n’avait pu rester de marbre. Pourquoi se comportait-il ainsi ? Elle ne l’avait en rien forcé à prendre sa place et pourtant, elle avait l’impression qu’elle l’avait fait et qu’elle devait lui en être redevable jusqu’à la fin de sa vie. Oui, elle ne l’en remercierait jamais assez mais ce n’est pas pour autant qu’elle doit fermer sa bouche et encaisser les dires de son frère alors qu’il était clairement en train de la dénigrer. Et puis, oui, elle était consciente qu’elle avait été ingrate de ne pas être allé le voir ou de ne pas lui avoir écrit mais pour lui dire quoi ? Qu’elle pouvait vivre pleinement sa vie et lui raconter tout ce qui lui arrivait alors que lui était entre quatre murs à sa place et qu’il était clairement en train de lui reprocher d’avoir vécu sa vie alors que lui ne pouvait pas. C’était une contradiction à lui-même pour le coup et c’est ce qui contrariait un peu plus Clio. Ne pouvant supporter de voir ce regard plein de jugements et ne voulant pas rester une seconde de plus face à cet étranger, elle décida de partir loin de son frère après lui avoir dit qu’elle le trouvait injuste. En même temps, elle comprenait qu’il lui en veuille d’avoir vécu en son absence sachant qu’il n’avait pas eu sa place en prison mais bon sang, il ne pouvait pas lui reprocher une décision qu’il avait prise lui-même.

Alors qu’elle partait, il agrippa son bras avec force et Clio eut mal. Il serrait si fort qu’elle avait l’impression que son bras allait se briser sous la poigne de son frère. Elle comprit que c’était son but à lui, lui faire du mal. Un peu plus que ce qu’il lui en faisait déjà. « Tu comptes vraiment partir comme une lâche ? Oui parce que là c’est exactement le cas. Tu t’enfuis sans même attendre que je parle, sans même que je puisse me défendre. Je t’ai connu moins couarde. Mais bon, c’est peut-être le fait que tu m’as laissé prendre ta place qui t’as rendu comme ça. » Clio le regarda le regard dur et la mâchoire serrée. Quelle belle ordure. La prison l’avait bel et bien changé mais jamais elle n’aurait pensé qu’il serait devenu ce bel enfoiré qui se trouvait devant elle. Elle serra son poing et attendis qu’il continue. Oh oui, il était en train de faire ressortir le mauvais côté de sa sœur et il allait en payer le prix fort. Elle allait lui montrer qu’elle aussi, elle pouvait taper sous la ceinture. « Franchement, je me fous de savoir si t’as eu un mioche ou pas… J’aurais juste pensé que tu aurais le courage de m’envoyer une lettre pour me prévenir ! Tu sais ce que ça fait de passer trois ans derrière les barreaux à se demander tous les jours comment ta jumelle va, si elle est heureuse si elle arrive à avancer. Heureusement que Milo venait me voir pour me donner de tes nouvelles. » Elle eut un rire amer. Son discours était contradictoire. Il dit vouloir savoir si elle avait réussi à avancer, à vivre sa vie mais il lui reprochait de l’avoir fait en son absence. Non mais, elle croyait rêver et ça ne fit qu’accroitre sa colère. Il n’avait pas compris quoi dans sa lettre ? Elle allait devoir s’excuser auprès du grand seigneur toute sa vie de ne pas avoir eu les couilles de prendre des nouvelles de son frère directement ?! Non parce qu’elle s’était inquiétée de sa condition chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de ces années qu’il avait passé derrière les barreaux. Elle n’avait cessé d’harceler Milo pour avoir des nouvelles de son jumeau mais apparemment, il avait bien décidé d’occulter tout ça. « Tu sais quoi, tu me fais pitié. J’ai presque honte d’avoir le même sang que toi et de t’avoir considéré une fois comme ma jumelle. » Le regard de Clio devint noir de haine. Qui était cet étranger face à elle ? Jamais son frère ne lui aurait parlé comme ça. Le poing de Clio se referma un peu plus et sa respiration se fit plus prononcée. Il s’éloigna d’elle en la lâchant et elle eut un rictus sadique. C’est ça, barre toi. « Maintenant tu peux t’enfuir, aller te cacher quelque part. C’est ce que tu fais de mieux… J’espère que tu trouveras quelqu’un qui appréciera les lâches. »

Ce fut les paroles de trop. Cette fois-ci, ce n’était pas le plat de sa main qui avait rencontré la joue de son frère mais son poing fermé et bien lancé. Son nez se mit à saigner et Clio n’avait aucun remord à voir cette vision. Avant, elle se serait précipité sur son frère pour le soigner mais après tout ça, elle voulait le voir souffrir. « T’es qu’une enflure. Une belle ordure même. Tu sais quoi, je préfère être lâche que d’être comme toi. Tu me fais pitié Arès, tu peux pas t’imaginer. » Elle eut un rire sans joie, un rire froid et qui glaçait le sang. Il venait de la perdre et elle venait de le perdre mais, si ça devait se passer ainsi, elle encaisserait le coup et continuerait sa vie sans lui. « Je n’ai cessé de me laisser ronger par ma culpabilité de t’avoir mis là-dedans à ma place et je me rends compte qu’au final, tu ne le mérites même pas. T’es qu’un égoïste doublé d’un gros connard. Tu dis que tu voulais savoir si j’avais continué ma vie mais tu me le reproches de l’avoir fait. Excuses moi de ne pas avoir mis un terme à ma vie. T’aurais peut-être préféré trouver une tombe à la place d’une sœur comme ça, t’aurais pas été jaloux que j’ai pu continuer ma vie et essayé d’avoir été heureuse. » Elle ne s’arrêtait plus. Elle était énervée et elle comptait bien l’achever. « T’as toujours été là pour moi et moi pour toi mais là, je te reconnais plus. Et me sort pas que c’était de ma faute parce que tu mens. Tu m’as jamais envoyé une seule lettre de ton trou et tu me reproches de ne pas t’en avoir envoyé ? Mais comment je devais prendre le message que tu ne répondes jamais à la mienne hein ?! Quel hypocrite tu fais Arès. Tu devrais balayer devant ta porte avant de regarder celle des autres parce que crois-moi, tu retrouverais peut-êre un semblant de rationalité et de bon sens. Grandis Arès parce que là, tu m’as perdu et je n’ai plus jamais envie d’avoir à faire avec toi. Je suis déçue, humiliée. Je t’ai toujours défendu pendant que t’étais coincé là-bas jusqu’à même me faire insulter et emmerder par des mecs. Quel remerciement j’en ai ? Que tu me traites de lâche. Va te faire foutre pauvre con. » Elle fixait son frère dans les yeux, ne cillant même pas une seule seconde. Elle ne s’était même pas reculée et elle ne comptait pas le faire. Il n’avait aucune emprise sur elle et elle voulait lui prouver, lui montrer que le lâche dans l’histoire, c’est lui.

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À ce moment précis, il y a 6 470 818 671 personnes dans le monde. Certains prennent peur, certains rentrent chez eux, certains racontent des mensonges pour s’en sortir, d’autres font simplement face à la vérité. Certains sont des êtres maléfiques en guerre avec le bien et certains sont bons et luttent contre le mal. Six milliards de personnes, six milliards d’âmes, et parfois, il ne vous en faut qu’une seule....

Arès était allé trop loin encore une fois. Traiter sa sœur de la sorte ne lui ressemblait guère. D’ordinaire, il aurait été prévenant avec elle tout en ayant envie de casser la gueule d’Aaron parce qu’il avait osé poser les yeux sur sa jumelle. Mais ça c’était avant les trois années en prison. On dit que l’on revient changé de ce genre ‘’d’expérience’’, enfin si on pouvait appeler ça une expérience. Et bien c’était la vérité. Privé de liberté pendant trois ans, il avait changé. Mais ce n’était pas le seul à avoir changé, Clio aussi. D’ailleurs, le poing qu’il se prit en plein visage témoignait de cela. Il rencontra l’arrête de son nez et cela eut pour effet de le faire saigner et sûrement de le casser. Prenant le bas de son t-shirt, Arès le déchira pour éponger le liquide poisseux qui s’échappait de ses narines. Sa sœur n’y était pas allée de main morte et il souffrait le martyr. Cependant, il ne montra rien de sa souffrance à Clio. Il avait vécu pire et un coup de poing d’une jeune femme n’était rien comparé aux coups de ses codétenus. Les paroles de sa jumelle s’inscrivirent en lui, unes à unes au fer rouge. Elle n’avait pas tort mais pour rien au monde, il l’avouerait. C’était vraiment pathétique sa façon de réagir. Il n’avait pas le droit de lui en vouloir d’avoir continué à vivre sa vie. En fait, le jeune homme en voulait à Clio parce qu’elle ne lui avait pas donné de nouvelles et surtout n’était pas venu le voir. Le reste, il s’en foutait pas mal. Arès eu alors l’impression que ce serait sûrement leur dernière conversation en tant que jumeaux. Ils étaient en train de mettre un terme à leur relation chacun à leur façon. Il n’y avait pas de retour possible. Il encaissa le coup de cette révélation et continua à écouter ce que Clio lui balançait à la gueule. Arès aurait voulu arrêter sa sœur, lui dire que tout était fini et que maintenant ils allaient pouvoir reprendre leur vie là où ils les avaient stoppées. Mais ça, c’était avant que les jumeaux Jones ne se mettent à se détester pour les paroles et les gestes qu’ils avaient eu.

Le flot de paroles paraissait infini comme si elle n’allait jamais s’arrêter de parler. Il prenait tout en pleine tête, les reproches et les regrets mais aussi les insultes. Elle était violente dans ses propos. Pour la première fois de sa vie, Arès eu l’impression de parler à une étrangère. Clio n’était plus la même qu’elle avait pu être il y a trois ans. Elle avait grandi, mûri alors que lui était resté le même adolescent pourri gâté qui pensait que tout lui était du. Même s’il était d’accord avec la plupart de ce qu’elle lui disait, il ne pouvait pas laisser ça comme ça. « Ah je suis un pauvre con. Excuse-moi de ne pas avoir su quoi répondre à cette lettre. Tu culpabilisais de m’avoir foutu dans cette galère. J’ai respecté ton choix de ne plus avoir de contact avec moi. Tu aurais aimé que je fasse quoi, que je t’envoie une lettre de supplication pour que tu viennes me voir. C’est pas mon genre et tu le sais. Alors arrête de me reprocher quelque chose dont tu es la fautive. » Il s’arrêta de parler quelques secondes avant de se rapprocher encore un peu plus de sa jumelle. Elle le disait hypocrite mais elle était pareille que lui. « Tu dis que je suis un hypocrite, mais tu es comme moi Clio. Qu’est-ce que tu aurais fait en recevant mes lettres ? Y aurais-tu répondu ? Non, je ne pense pas. A quoi cela aurait-il servit que je me démène à prendre de tes nouvelles ou à te donner des miennes si mes écrits restaient sans réponses. Je souffrais déjà assez de notre séparation, je n’allais pas rajouter en plus le fait que tu ne m’aurais jamais répondu… » Son regard ne quitta pas une seule seconde les yeux de sa sœur. Les siens commençaient à devenir humide, non pas à cause de ce qu’elle avait pu dire, mais simplement parce qu’il sentait comme un vide au niveau de son cœur, comme si on venait d’en arracher une partie avec un poignard. C’était ça de se sentir vide de toute émotion, de ne plus rien avoir à quoi se raccrocher.

Arès avait l’impression d’être dans un rêve, un de ces rêves où on a beau essayer d’attraper l’objet de nos désirs, il s’échappe encore et encore. Sauf que cette fois-ci, ce n’était pas un mauvais rêve duquel il pourrait s’en sortir. Il venait sûrement de perdre sa jumelle pour toujours… Il reprit néanmoins la parole pour se défendre et tenter de faire comprendre à sa sœur son point de vue. Seulement, c’était sans espoir. Les jumeaux Jones n’étaient pas connus pour leur docilité. Ils étaient tous les deux têtus et aucun ne renoncera à ses convictions et ses arguments. « Tu peux penser et dire ce que tu veux de moi, j’en ai rien à foutre. Je peux simplement pas te permettre de dire que je suis égoïste ! Tu es la seule personne avec qui je n’ai JAMAIS été égoïste. Et tu sais pourquoi, parce que tu es ma jumelle, ma sœur, la femme qui compte le plus pour moi. J’ai pris ta place, j’ai passé trois ans de ma vie enfermé pour toi… Tu penses vraiment que si j’avais été égoïste, j’aurais fait tout ça pour toi. » Le jeune homme soupira. Ils tournaient en rond dans leur conversation. Il fallait qu’elle finisse avant qu’ils ne sortent tout d’eux plus de choses qu’ils regretteraient après coup. Après une grande inspiration, Arès reprit la parole. « Nous avons tous les deux changés en trois ans. Nous avons pris des chemins différents dès que j’ai pris ta place cette nuit-là. Je ne te blâme pas pour m’avoir appelé comme tu ne me blâmes pas pour avoir pris ta place. Simplement, nous n’avons, je pense, plus rien à nous dire. Le mieux est de nous dire au revoir avant qu’on ne dise quelque chose que l’on regrettera toute sa vie. » L’ancien prisonnier se rapprocha encore de Clio et déposa sur son front un baiser d’adieu. « N’oublie jamais que je t’aime petite sœur. » Même si ça lui brisait le cœur une fin comme celle-là, il devait le faire pour eux. Il tourna les talons avec le faible espoir que Clio le rattraperait.